Liban: avec une réélection attendue d'Assad, l'espoir des réfugiés syriens s'amenuise
AFP
Tripoli (Liban) - Abou Nour, réfugié syrien au Liban, n'a plus qu'une idée en tête, émigrer au Canada avec sa famille. Car avec la réélection attendue de Bachar al-Assad, la fin de la guerre qui ravage son pays relève selon lui désormais d'un "miracle".
Dans son logement insalubre à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, le quadragénaire s'en remet à "Dieu tout-puissant, le seul qui puisse en finir avec cette guerre".
Le visage couvert d'un châle et préférant utiliser un pseudonyme pour des raisons de sécurité, il se souvient avec amertume du temps des manifestations géantes contre le régime dans sa ville natale Hama (centre) au début de la révolte en mars 2011 qui a dégénéré en conflit sanglant.
"Les manifestations contre le régime étaient un miracle et cette guerre ne se terminera que par un miracle", dit Abou Nour, qui partage avec sa femme et ses cinq enfants un logement situé dans un ensemble d'immeubles achevés à la hâte.
Le régime de M. Assad, dont le clan est au pouvoir depuis plus de 40 ans, n'a jamais reconnu cette contestation et affirme combattre des "terroristes à la solde de l'étranger".
Comme beaucoup, Abou Nour n'a jamais cru que la révolte se muerait en un conflit qui a fait plus de 160.000 morts et chassé de chez eux des millions de Syriens. "Nous rêvions d'élections intègres qui nous permettraient d'élire un président représentant vraiment le peuple".
Dans le secteur d'Abou Samra à Tripoli, des dizaines de logements insalubres ont été construits ces trois dernières années et loués à
des réfugiés. Ceux-ci déplorent les coupures d'eau et d'électricité en raison des mauvaises infrastructures. A l'entrée des habitations, des enfants jouent au milieu des déchets.
Quelque 2.500 familles y survivent en majorité grâce à des coupons de l'ONU. La plupart ne travaillent pas faute de papiers -soit parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer le séjour au Liban, soit parce qu'ils sont entrés illégalement dans le pays.
- 'Rien ne va changer' -
Abou Nour, un ex-entrepreneur devenu militant avant de fuir la Syrie il y a deux ans, a dû vendre sa voiture et des meubles de sa maison.
"Il est impossible que je rentre en Syrie et ici, notre situation est de mal en pis. La seule issue est d'émigrer au Canada", soupire-t-il.
Sur le front de mer, dans un camp de réfugiés informel, même son de cloche chez Abou Tareq. "Je ne retournerai pas tant que le régime est en place. Je ne reviendrai qu'avec la liberté et la démocratie".
Pour Ghazia al-Kour, 42 ans, le rêve de retour reste également lointain.
"Après la présidentielle, rien ne va changer. La Syrie qui était un paradis sur terre va devenir un deuxième Irak", dit cette femme qui a perdu ses deux garçons dans un raid alors qu'ils faisaient la queue devant une boulangerie.
"Comment voter? Vais-je vendre le sang de mes enfants?" s'insurge-t-elle. Originaire de la province de Hama, cette divorcée sait qu'elle ne reverra pas de sitôt ses deux filles, restées avec leur père en Syrie.
Le camp où vivent quelque 500 familles syriennes est situé dans un quartier pauvre d'où se dégage une odeur immonde d'égouts. Les logements y sont bâtis avec des blocs de ciment avec pour toit des planches couvertes de nylon.
- 'Nous voulons en finir' -
A l'intérieur de son logement composé d'une petite chambre avec quelques matelas et chaises usées, Fatima, qui y vit avec ses trois filles et deux garçons, montre un "lavabo offert par l'ONU".
"Nous vivons parmi les rats", lance cette veuve dont le mari a été exécuté à Homs (centre). "Comment participer à des élections alors que les enfants sont massacrés en Syrie?".
Si la plupart des réfugiés interrogés à Tripoli, ville à partisane de la rébellion syrienne, considèrent le scrutin comme une "farce", certains s'enorgueillissent de leur loyauté à M. Assad.
"Bachar al-Assad nous ramènera la sécurité", affirme Sabah, 75 ans, réfugiée au camp il y a une semaine.
D'autres, tout simplement, disent voter pour M. Assad par lassitude, même s'ils lui sont hostiles. "Nous voulons en finir", affirme Khaled, 48 ans.
Le visage couvert d'un châle et préférant utiliser un pseudonyme pour des raisons de sécurité, il se souvient avec amertume du temps des manifestations géantes contre le régime dans sa ville natale Hama (centre) au début de la révolte en mars 2011 qui a dégénéré en conflit sanglant.
"Les manifestations contre le régime étaient un miracle et cette guerre ne se terminera que par un miracle", dit Abou Nour, qui partage avec sa femme et ses cinq enfants un logement situé dans un ensemble d'immeubles achevés à la hâte.
Le régime de M. Assad, dont le clan est au pouvoir depuis plus de 40 ans, n'a jamais reconnu cette contestation et affirme combattre des "terroristes à la solde de l'étranger".
Comme beaucoup, Abou Nour n'a jamais cru que la révolte se muerait en un conflit qui a fait plus de 160.000 morts et chassé de chez eux des millions de Syriens. "Nous rêvions d'élections intègres qui nous permettraient d'élire un président représentant vraiment le peuple".
Dans le secteur d'Abou Samra à Tripoli, des dizaines de logements insalubres ont été construits ces trois dernières années et loués à
des réfugiés. Ceux-ci déplorent les coupures d'eau et d'électricité en raison des mauvaises infrastructures. A l'entrée des habitations, des enfants jouent au milieu des déchets.
Quelque 2.500 familles y survivent en majorité grâce à des coupons de l'ONU. La plupart ne travaillent pas faute de papiers -soit parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer le séjour au Liban, soit parce qu'ils sont entrés illégalement dans le pays.
- 'Rien ne va changer' -
Abou Nour, un ex-entrepreneur devenu militant avant de fuir la Syrie il y a deux ans, a dû vendre sa voiture et des meubles de sa maison.
"Il est impossible que je rentre en Syrie et ici, notre situation est de mal en pis. La seule issue est d'émigrer au Canada", soupire-t-il.
Sur le front de mer, dans un camp de réfugiés informel, même son de cloche chez Abou Tareq. "Je ne retournerai pas tant que le régime est en place. Je ne reviendrai qu'avec la liberté et la démocratie".
Pour Ghazia al-Kour, 42 ans, le rêve de retour reste également lointain.
"Après la présidentielle, rien ne va changer. La Syrie qui était un paradis sur terre va devenir un deuxième Irak", dit cette femme qui a perdu ses deux garçons dans un raid alors qu'ils faisaient la queue devant une boulangerie.
"Comment voter? Vais-je vendre le sang de mes enfants?" s'insurge-t-elle. Originaire de la province de Hama, cette divorcée sait qu'elle ne reverra pas de sitôt ses deux filles, restées avec leur père en Syrie.
Le camp où vivent quelque 500 familles syriennes est situé dans un quartier pauvre d'où se dégage une odeur immonde d'égouts. Les logements y sont bâtis avec des blocs de ciment avec pour toit des planches couvertes de nylon.
- 'Nous voulons en finir' -
A l'intérieur de son logement composé d'une petite chambre avec quelques matelas et chaises usées, Fatima, qui y vit avec ses trois filles et deux garçons, montre un "lavabo offert par l'ONU".
"Nous vivons parmi les rats", lance cette veuve dont le mari a été exécuté à Homs (centre). "Comment participer à des élections alors que les enfants sont massacrés en Syrie?".
Si la plupart des réfugiés interrogés à Tripoli, ville à partisane de la rébellion syrienne, considèrent le scrutin comme une "farce", certains s'enorgueillissent de leur loyauté à M. Assad.
"Bachar al-Assad nous ramènera la sécurité", affirme Sabah, 75 ans, réfugiée au camp il y a une semaine.
D'autres, tout simplement, disent voter pour M. Assad par lassitude, même s'ils lui sont hostiles. "Nous voulons en finir", affirme Khaled, 48 ans.