Liban: écoles fermées, présence militaire renforcée par crainte de violences
AFP
Beyrouth - L'armée a renforcé sa présence mardi à Beyrouth et des écoles ont fermé de crainte de violences après une brève apparition de jeunes non armés dans les rues, signe de l'inquiétude croissante au lendemain du dépôt de l'acte d'accusation sur le meurtre de Rafic Hariri.
Parallèlement, les ministres des Affaires étrangères de Turquie et du Qatar étaient attendus dans la journée à Beyrouth pour tenter une médiation afin de dénouer la crise, la communauté internationale disant craindre une résurgence des violences dans le pays.
Plusieurs écoles ont demandé aux parents de venir chercher leurs enfants après l'apparition tôt le matin de centaines de jeunes dans des quartiers, de l'ouest de la capitale, où le Hezbollah et son allié le mouvement Amal sont présents, a indiqué un responsable de la sécurité sous couvert de l'anonymat.
Selon lui, "il pourrait s'agir de préparatifs en vue d'une mobilisation liée à la remise de l'acte d'accusation".
"Des écoles ont fermé leurs portes à Tayyouné, Béchara el-Khoury, Ras el-Nabeh, Basta et Zokak el-Blat", qui sont des quartiers mixtes où coexistent des sunnites et des chiites. "Les jeunes n'étaient pas armés", a-t-il précisé.
L'armée a renforcé par la suite sa présence dans plusieurs points de la capitale. "Il s'agit de mesures pour tranquilliser les citoyens", a indiqué un porte-parole militaire.
Des centaines d'élèves sont sortis de plusieurs écoles dans ces quartiers, selon des photographes de l'AFP sur place.
Le Hezbollah et ses alliés avaient claqué le 12 janvier la porte du gouvernement de Saad Hariri, fils de Rafic Hariri, provoquant sa chute. Le mouvement faisait pression depuis des mois sur M. Hariri, le fils de Rafic, pour qu'il désavoue le tribunal, ce que ce dernier a refusé de faire.
Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu et le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères qatari Hamad ben Jassem ben Jabr Al-Thani devaient rencontrer le président Michel Sleimane, Saad Hariri et le chef du Parlement Nabih Berri.
La veille, un sommet avait réuni à Damas les chefs d'Etat syrien Bachar al-Assad, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et l'émir du Qatar Ahmad ben Khalifa al-Thani, qui ont plaidé en faveur d'une nouvelle médiation syro-saoudienne.
La Syrie, qui soutient le Hezbollah, et l'Arabie Saoudite, qui appuie Saad Hariri, avaient mené en vain depuis plusieurs mois des efforts en vue d'apaiser les tensions nées de l'enquête du TSL contestée par le Hezbollah.
L'inquiétude concernant l'avenir du Liban "pourrait déboucher sur des surprises", écrivait mardi le quotidien As-Safir, proche du Hezbollah.
Des consultations pour la nomination d'un nouveau Premier ministre ont été reportées au 24 janvier en raison des profondes divisions entre le camp Hariri et le Hezbollah qui a fait savoir qu'il ne voulait pas une reconduction de M. Hariri.
Le procureur du TSL, Daniel Bellemare, a dit mardi qu'en vertu du règlement du tribunal, il ne pouvait révéler les chefs d'accusation dans l'attente de leur confirmation par le juge de la mise en état, processus qui peut prendre "six à dix semaines".
Il a néanmoins parlé de "la force des éléments de preuves rassemblées" en vue du procès qui pourrait commencer en septembre-octobre "avec ou sans accusé", selon le greffier du TSL, Herman von Hebel.
Le président américain Barack Obama, dont le pays considère le Hezbollah comme une organisation terroriste, s'est félicité du dépôt de l'acte d'accusation, "un pas important vers la fin de l'ère de l'impunité des assassinats" au Liban.