Liban: une opération du Hezbollah à la frontière syrienne

AFP

Le Hezbollah libanais, puissant parti armé et allié du régime syrien, a annoncé vendredi avoir lancé une opération contre des "terroristes armés" des deux côtés de la frontière entre la Syrie et le Liban.

Le mouvement chiite a annoncé à l'aube, via sa chaîne de télévision Al-Manar et les réseaux sociaux, "le début d'une opération militaire pour purger Jouroud Aarsal et Qalamoune des terroristes armés".

Située dans l'est du Liban autour de la localité d'Aarsal, Jouroud Aarsal est une région montagneuse où se sont implantés des groupes jihadistes sunnites venus de la Syrie voisine et qui abrite, dans des camps informels, des milliers de réfugiés ayant fui la guerre dans leur pays.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait lancé il y a une semaine un avertissement à ces jihadistes estimant qu'ils représentaient "une menace pour tout le monde, y compris les réfugiés syriens" et affirmant qu'il "était temps de mettre fin à cette menace".

Quant à la région de Qalamoune, elle se situe dans l'ouest de la Syrie, près de la frontière libanaise. Le Hezbollah y combat des rebelles et des jihadistes depuis des années, aux côtés de l'armée syrienne.

L'agence libanaise ANI a également fait état du lancement d'une opération du Hezbollah à Jouroud Aarsal.

Mardi, le Premier ministre libanais Saad Hariri avait annoncé une opération de l'armée près de camps informels de réfugiés à Jouroud Aarsal, où des soldats ont récemment été la cible d'attaques.

Mais il n'y a aucune confirmation officielle d'une implication de l'armée dans l'opération annoncée par le Hezbollah.

L'armée a indiqué toutefois avoir "autorisé à un groupe de femmes et d'enfants venus d'un camp (de réfugiés) proche des positions des (groupes) armés d'entrer dans la localité d'Aarsal", qui n'est pas l'objectif de l'opération en cours.

Le Liban, pays de quatre millions d'habitants miné par des institutions et des infrastructures bancales, accueille plus d'un million de réfugiés ayant fui la guerre dans la Syrie voisine.

Près de 45.000 réfugiés syriens enregistrés auprès de l'ONU vivent dans la localité d'Aarsal.

- Le CICR préparé -

Le chef du Comité international de la Croix-Rouge au Liban, Christophe Martin, a indiqué de son côté à l'AFP que le CICR était préparé pour tout éventuel afflux de blessés de Jouroud Aarsal vers la localité.

"Nous soutenons deux hôpitaux à Aarsal et nous leur avons fourni plus de médicaments et de matériel chirurgical car leurs ressources sont limitées", a-t-il indiqué.

L'état de la sécurité à Aarsal est depuis longtemps source de préoccupation au Liban.

En 2014, l'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie et le groupe Etat islamique (EI) avaient enlevé 30 soldats et policiers après des affrontements dans la région. Quatre otages avaient été tués et un cinquième était mort de ses blessures, tandis que 16 autres avaient été libérés en 2015. Neuf sont toujours en captivité.

Les médias du Hezbollah ont indiqué que l'opération a été lancée depuis deux axes, le premier dans la localité syrienne de Flita et le second depuis la partie sud de Jouroud Aarsal, une zone d'influence du parti chiite.

Le président libanais Michel Aoun a mis en garde contre les manifestations d'hostilité envers les réfugiés syriens après que des troupes libanaises ont été attaquées fin juin lors de raids dans deux camps de la région d'Aarsal.

Lors de ces raids, cinq kamikazes se sont fait exploser, tuant une fillette et blessant sept soldats. Des dizaines de personnes ont été arrêtées.

Quelques jours plus tard, l'armée avait annoncé le décès en détention de quatre Syriens, affirmant qu'ils souffraient déjà de problèmes de santé préexistants. Mais des ONG avaient appelé à l'ouverture d'une enquête indépendante, laissant supposer qu'ils avaient pu être torturés à mort.

Le Hezbollah intervient dans la guerre en Syrie aux côtés des forces du régime de Bachar al-Assad, contre les rebelles et les jihadistes.

La guerre en Syrie a fait plus de 330.000 morts depuis 2011.


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