Libye: Alain Juppé "tout à fait hostile" à l'envoi de forces sur le terrain

AFP

Paris - Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'est déclaré mardi "tout à fait hostile" à l'envoi de forces sur le terrain en Libye, jugeant qu'il revenait à la rébellion d'assurer le guidage des chasseurs-bombardiers de l'Otan.

Alain Juppé
Alain Juppé
"Je reste pour ma part tout à fait hostile à un déploiement de forces sur le terrain", a-t-il affirmé à l'Association de la presse diplomatique à Paris.

Celle-ci l'interrogeait sur la demande du président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Axel Poniatowski (UMP), d'envoyer en Libye 200 à 300 membres de forces spéciales de pays de l'Otan pour aider la rébellion et mieux guider les avions de la coalition sur les objectifs du régime de Mouammar Kadhafi.

"Il appartient au Conseil national de transition (CNT) et ses troupes de faire ce travail", a ajouté M. Juppé. "Ils peuvent jouer ce rôle sans qu'il soit nécessaire de déployer des forces au sol", a-t-il insisté.

Sa déclaration est survenue presque simultanément avec l'annonce par son homologue britannique, William Hague, que la Grande-Bretagne allait envoyer des conseillers militaires auprès du CNT en Libye.

Ces militaires "ne participeront pas à la préparation ou à l'exécution d'opérations du CNT", a précisé le ministre britannique.

Alain Juppé a aussi assuré que la France n'avait "pas de soldats" sur le terrain en Libye. "Nous avons à Benghazi un haut représentant qui est un diplomate, Antoine Sivan, avec une petite équipe qui assure sa protection. Nous n'avons pas de soldats", a ajouté le ministre.

L'écrivain Bernard-Henri Lévy, défenseur de la rébellion libyenne, avait affirmé un peu plus tôt que deux officiers de liaison, un Français et un Britannique, étaient désormais présents au centre de contrôle opérationnel des insurgés à Benghazi (est) afin de faciliter les relations avec l'Otan.

Officiellement, ni Londres ni Paris n'ont confirmé cette information. Selon une source diplomatique française, il est toutefois vrai que la France dispose d'un militaire dans ce centre opérationnel de la rébellion.

"Je suis particulièrement indigné par le sort qui est fait à (la population de) Misrata", a aussi déclaré Alain Juppé. "Les conditions météorologiques ne sont pas toujours favorables (...) mais un canon ça se voit", a-t-il ajouté, semblant à nouveau mettre en cause l'Otan dans sa conduite des opérations.

"La pression militaire doit être maintenue et même accentuée" sur les troupes de Kadhafi, a-t-il ajouté.

Lundi, Axel Poniatowski avait réclamé à l'Otan l'envoi de forces spéciales sur le sol pour éviter "l'enlisement" en Libye.

Selon lui, un tel déploiement serait tout à fait compatible avec la résolution 1973 du Conseil de sécurité, qui prévoit toutes les mesures nécessaires pour protéger les populations civiles en excluant le déploiement en Libye d'une force d'occupation.


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