Libye: Kadhafi évoque "une mascarade", le CNT à New York
AFP
Benghazi (Libye) - Le dirigeant déchu Mouammar Kadhafi a qualifié mardi de "mascarade" les événements en Libye, où les forces du Conseil national de transition (CNT) ont progressé à Sebha, dans le Sud, l'un des derniers bastions loyalistes, avec Syrte et Bani Walid, à encore résister.
"Ce qui ce passe en Libye est une mascarade ne tenant que grâce aux bombardements aériens qui ne dureront pas éternellement", a déclaré le colonel Kadhafi.
"Ne vous réjouissez pas et ne croyez pas qu'un régime a été renversé et qu'un autre a été imposé à l'aide des frappes aériennes et maritimes", a-t-il ajouté.
Lundi pourtant, les combattants pro-CNT, qui harcèlent les soldats loyalistes à Syrte (360 km à l'est de Tripoli) depuis six jours et à Bani Walid (170 km au sud-est de la capitale), ont ouvert une nouvelle brèche dans le Sud désertique.
Ils sont entrés dans Sebha, fief de la tribu du "Guide" déchu, les Kadhadfa, à 750 km au sud de Tripoli, a annoncé à l'AFP dans la nuit de lundi à mardi Mohamed Wardougou, représentant de la "brigade du bouclier du désert" à Benghazi (est).
Ils "ont pris l'aéroport, la citadelle et la caserne Fares", a-t-il assuré, ajoutant que "les combats se poursuivaient dans quelques quartiers" après la fuite de "300 mercenaires de Kadhafi".
Dans le même temps, "le général Belgacem Al-Abaaj, chef des renseignements du régime de Kadhafi dans la région d'Al Khofra, a été capturé", a-t-il dit.
Mardi, M. Wardougou a annoncé la capture de 150 kadhafistes à Sebha et dans ses environs. "Le contrô le de toute la région de Sebha est imminent. Le problème maintenant, c'est le sud-ouest de la Libye et notamment Aoubari et Ghat (à la frontière algérienne) qui sont toujours sous le contrô le des forces de Kadhafi", a-t-il ajouté.
Sur la cô te méditerranéenne, les combattants du front Est, désormais à une trentaine de km de Syrte, ont pris lundi soir la ville de Soultana dans la région natale du colonel Kadhafi.
"Dans deux ou trois jours, nous serons à Syrte", a assuré Moustapha ben Dardaf, commandant d'une brigade, à l'AFP.
De leur cô té, les combattants du front Ouest cherchaient surtout à consolider leurs positions et à dégager les principales artères de Syrte pour laisser partir les civils.
"Les soldats de Kadhafi sont répartis dans les immeubles de la ville mais il y a des tireurs embusqués dans une zone très peuplée à l'entrée du centre-ville", a déclaré Saleb Badi, qui dirige l'offensive sur Syrte depuis le Sud.
"Depuis lundi, nous avons reçu l'ordre du Conseil militaire (de Misrata) d'arrêter d'avancer jusqu'à ce que nous puissions utiliser des armes lourdes pour frapper les endroits où les kadhafistes se cachent", a-t-il poursuivi, alors que les pro-CNT affirment régulièrement restreindre leurs opérations pour épargner les familles de Syrte.
"Les civils tentent de sortir mais sont effrayés par les combats", a ajouté M. Badi.
A Bani Walid, vaste oasis au relief accidenté, les combats ont repris mardi, selon un journaliste de l'AFP, mais les hommes des nouvelles autorités peinent à progresser: en cause, la "nature géographique et la forte présence de tireurs embusqués" selon Ahmed Omar Bani, porte-parole militaire du CNT à Tripoli.
Pourtant, les combattants sur le terrain ont d'autres griefs: "Il y a une semaine on disait qu'on allait libérer Bani Walid en quelques heures mais c'est un front difficile avec une forte résistance et le pire c'est l'absence de coordination et d'organisation entre révolutionnaires", a dit à l'AFP Abdou, qui préfère taire son nom de famille.
Seif al-Islam, le fils le plus influent du colonel Kadhafi, a été vu dans cette ville, où le colonel Kadhafi pourrait également se trouver, selon des commandants sur le terrain. Mais le sort de Mouammar Kadhafi et de ses fils, dont trois sont en Algérie ou au Niger et deux seraient morts, a déjà donné lieu à de nombreuses rumeurs.
L'Otan a annoncé dans son rapport quotidien avoir touché lundi sept objectifs militaires à Sebha, poursuivi ses bombardements sur Syrte et Bani Walid et intensifié les tirs sur Waddan, dans l'oasis de Djofra (200 km au sud de Syrte), qui, selon les pro-CNT recèle de nombreuses caches d'armes.
A New York, parmi les enjeux de la réunion sur le dossier libyen figure notamment "l'expression par le CNT de ses besoins en matière de reconstruction" et "la réaffirmation du soutien de la communauté internationale à la Libye nouvelle", a affirmé le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé.
Les discussions porteront aussi sur l'aspect politique, le CNT ayant reporté dimanche l'annonce d'un gouvernement de transition faute d'accord sur sa composition
"Il s'agira de marquer le succès extraordinaire obtenu par les Nations unies" dans le dossier libyen, a assuré de son cô té le conseiller adjoint de sécurité nationale de M. Obama, Ben Rhodes.