Libye: Le bureau de Kadhafi détruit à Tripoli, poursuite des combats à Misrata
AFP
Misrata (Libye) - Une frappe aérienne a détruit le bureau du colonel Kadhafi tô t lundi à Tripoli, la capitale libyenne secouée dans la nuit par de fortes explosions, alors que de violents combats se sont poursuivi dimanche à Misrata malgré l'annonce par le régime d'une pause dans ses opérations contre les rebelles dans cette ville assiégée.
45 personnes ont été blessées, dont 15 grièvement, dans le bombardement, a indiqué un responsable libyen accompagnant les journalistes sur place, en affirmant ignorer s'il y avait d'autres victimes sous les décombres.
"Il s'agit d'une tentative d'assassinat du colonel Kadhafi", a-t-il affirmé.
Des détonations, les plus fortes ayant secoué la capitale jusqu'ici, ont été ressenties lundi vers 00H10 locale (22H10 GMT dimanche) tandis que des avions survolaient la ville, cible depuis vendredi de raids intensifs de l'Otan.
A Misrata (ouest), après une journée de combats intenses qui ont fait au moins 28 morts et une centaine de blessés, les explosions de roquettes et d'obus et tirs de mitrailleuses n'ont pas cessé dimanche, faisant 12 morts et une soixantaine de blessés, selon un médecin.
L'annonce d'une suspension des opération "est un leurre", a déclaré le colonel Omar Bani, porte-parole militaire du Conseil national de transition (CNT) créé par l'opposition au régime de Mouammar Kadhafi à Benghazi (est).
Selon le colonel Bani, le régime veut faire croire au monde que le conflit est "une guerre civile entre les tribus libyennes, mais ce n'est pas vrai".
"La plupart des tribus dans la région de Misrata sont liées entre elles et ne tomberont donc pas dans ce piège", a indiqué un porte-parole du CNT Abdel Hafiz Ghoga.
Samedi soir, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, avait assuré que les forces gouvernementales avaient "suspendu leurs opérations" à Misrata, grande ville cô tière rebelle à 200 km à l'est de Tripoli, où se concentrent actuellement les combats entre rebelles et forces gouvernementales.
Il s'agit de permettre aux tribus locales de trouver une solution pacifique dans un délai de 48 heures, avait précisé M. Kaïm.
Sur le plan diplomatique, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a annoncé dimanche qu'il se rendrait prochainement à Benghazi, pour inaugurer un consulat.
L'Italie, à l'instar de la France et de la Grande-Bretagne, a annoncé la semaine dernière l'envoi en Libye de conseillers militaires auprès du CNT.
Le Koweït a pour sa part accordé une aide financière de 50 millions de dinars (180 millions USD) à la rébellion, selon le président du CNT, en visite à Koweït.
"Cette somme va nous aider à régler une partie les salaires des employés. Nous avons besoin d'une assistance urgente", a indiqué Moustapha Abdeljalil.
A Rome, lors de la traditionnelle bénédiction de Pâques, le pape Benoît XVI a affirmé que "la diplomatie et le dialogue devaient prendre la place des armes" en Libye.
Au Etats-Unis, le sénateur américain John McCain, qui s'est rendu vendredi dans le bastion rebelle de Benghazi, a appelé les Etats-Unis à intensifier leurs frappes aériennes en Libye, faisant valoir qu'une impasse militaire prolongée profiterait à Al-Qaïda.
Pour la première fois depuis le début de l'intervention militaire internationale le 19 mars, un drone américain a mené une frappe en Libye samedi.
L'Otan a averti dimanche que les frappes de drones se poursuivraient malgré les difficultés représentées par la présence de civils à cô té des installations militaires, quitte à retarder le cas échéant les tirs pour éviter des pertes civiles.
A Misrata, une centaines de soldats kadhafistes étaient encerclés dimanche dans un bâtiment au bout de la rue Tripoli, en grande partie libérée. D'autres poches de soldats loyalistes continuent de combattre ailleurs dans la ville.
La nette avancée des rebelles a permis de libérer des habitants enfermés chez eux depuis parfois plusieurs dizaines de jours, à cause des snipers qui abattaient tous ceux qui tentaient de sortir.
Parallèlement, deux soldats loyalistes blessés et capturés dimanche matin ont assuré à l'AFP que le moral des troupes pro-Kadhafi était "au plus bas".
Malgré l'aide livrée par mer, surtout par les ferries de l'Organisation internationale des migrations (OIM) qui font la navette avec Benghazi, plus à l'Est, pour évacuer les migrants de toutes nationalités, la situation humanitaire se dégrade à Misrata où l'alimentation d'eau est coupée.
Quatre-vingt-dix blessés ont été évacués de Misrata à bord d'un navire qatari qui a accosté au port de Sousse, dans le centre de la Tunisie.
Dans l'Ouest, les forces loyales au colonel Kadhafi bombardaient dimanche après-midi des zones proches du poste-frontière tuniso-libyen de Dehiba, pour tenter de reprendre la ville de Wazzan, selon des témoignages recueillis par l'AFP.
Pour faire pression sur le régime libyen, l'ONU a imposé un gel des avoirs à l'étranger du colonel Kadhafi et de ses proches, mais, selon le Los Angeles Times dimanche, le dirigeant libyen continue de puiser dans ses comptes, certains pays comme la Turquie ou le Kenya rechignant à appliquer les sanctions.
Dimanche soir, un homme kazakh apparemment déséquilibré a tenté d'immobiliser une hô tesse sur un vol Paris-Rome de la compagnie Alitalia, avec le projet de le détourner vers Tripoli, mais a été maîtrisé. L'appareil a finalement atterri sans encombre à l'aéroport international de Fiumicino vers 22h05 (20h05 GMT). Tous les passagers sont sains et saufs.