Libye: le gouvernement devant la lourde tâche de désarmer les milices
AFP
Tripoli - Sous la pression de la rue, les nouveaux dirigeants libyens vont devoir s'atteler à la lourde tâche de dissoudre les milices armées des ex-révolutionnaires qui font la loi dans le pays depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi.
Plusieurs milices se sont installées dans des bâtiments officiels ou encore des résidences et fermes de responsables de l'ancien régime. D'autres tiennent des check-points dans des points stratégiques à Tripoli.
Ces milices disposent d'importants stocks d'armes légères et lourdes, puisés notamment dans l'arsenal de l'ancien régime.
Des thowars (révolutionnaires) de Zenten (ouest) contrô lent par exemple l'aéroport international de Tripoli, d'autres venus de Misrata (est de Tripoli), sont installés dans le siège de la Compagnie nationale de pétrole.
Venu de Zenten à la tête d'une importante force, Abdallah Naker, devenu chef du conseil des thowars de Tripoli, estime que le départ de ses hommes de la capitale ne sera pas si facile.
"Qui garantira les droits de mes combattants? Qui va les indemniser? Certains d'entre eux ont payé jusqu'à 12.000 dollars pour acheter leurs armes. Il faut qu'ils soient compensés et honorés", a-t-il dit à l'AFP.
"Leur dire tout simplement: +merci, vous pouvez rentrer maintenant+ , ça ne marchera pas. Il n'y a pas d'Etat actuellement. Nous n'avons reçu aucune proposition du gouvernement. Quand des institutions seront vraiment mises en place, on en reparlera", affirme-t-il.
Depuis son entrée en fonctions il y a un peu plus de deux semaines, le gouvernement a annoncé à plusieurs reprises que le désarmement du pays était parmi ses priorités, mais jusqu'ici, ses promesses n'ont pas été suivies de faits.
Récemment, le ministre de l'Intérieur, Faouzi Abdelali, a annoncé à l'AFP un plan prévoyant l'intégration à court terme de 50.000 combattants ex-rebelles dans les forces de l'armée et des services de sécurité.
Des programmes de formation et de réhabilitation des combattants à l'étranger sont également prévus.
Mais, dépourvu de moyens financiers, le plan n'a pas encore été officialisé.
Mercredi encore, le gouvernement intérimaire a affirmé avoir discuté au cours d'un Conseil des ministres du "plan de travail proposé pour l'intégration des combattants et leur réhabilitation".
Exaspérés par l'"arrogance" et les violences provoquées par des milices venues d'autres villes, les habitants de la capitale ont fermé des avenues et artères principales à la circulation pour protester contre la présence de ces milices.
Le Conseil local de Tripoli a affirmé par la suite que le gouvernement appuyait les revendications des Tripolitains, en donnant un délai de deux semaines aux milices pour quitter la capitale et en promettant de désarmer la ville avant la fin de l'année, selon un communiqué en anglais du bureau du Premier ministre Abdel Rahim al-Kib, transmis à la presse internationale.
Jeudi, le gouvernement a appelé dans un communiqué les thowars à "contribuer à l'étape de la construction de l'Etat moderne" et à barrer la route à ceux qui "veulent voler la révolution" et faire entrer le pays dans le chaos.