Libye: spéculations sur le sort de Kadhafi introuvable après l'arrivée d'un convoi au Niger
AFP
Tripoli - Le passage d'un important convoi de véhicules civils et militaires venant de Libye à Agadez, une ville au nord du Niger, alimentait mardi les spéculations sur une fuite de l'ex-leader libyen Mouammar Kadhafi mais son porte-parole a affirmé qu'il était toujours en Libye.
Rhissa Ag Boula
Mais au Niger, une source militaire a affirmé à l'AFP avoir "vu un convoi inhabituel et impressionnant de plusieurs dizaines de véhicules entrer à Agadez en provenance d'Arlit, une cité minière proche de la frontière algérienne, et se diriger vers Niamey par la route".
"Des rumeurs insistantes évoquent la présence de Kadhafi ou un de ses fils au sein de ce convoi", a souligné cette même source.
De son côté, un journaliste d'une radio privée à Agadez a affirmé avoir "aperçu un convoi de plusieurs dizaines de véhicules traverser la ville et se diriger vers Niamey", la capitale du pays.
"Plusieurs témoins ont dit avoir vu au sein de ce convoi Rhissa Ag Boula, une des figures de proue des deux rébellions touaregs au Niger et très proche de Kadhafi", a ajouté la même source.
Rhissa Ag Boula a "démenti catégoriquement" mardi avoir été présent dans le convoi. "Je ne suis pas dans un convoi, je suis à Niamey!", a-t-il affirmé par téléphone à l'AFP.
Déjà dimanche, une délégation composée de trois Nigériens, Agaly Alambo --figure de la révolte Touareg--, deux de ses frères, et d'onze Libyens parmi lesquels Mansour Daw, chef des brigades sécuritaires sous l'ère Kadhafi, était arrivée au Niger, selon une source gouvernementale nigérienne. Celle-ci a toutefois précisé que l'ex-dirigeant n'était pas dans le convoi.
Depuis l'entrée des combattants pro-CNT dans sa résidence de Bab al-Aziziya à Tripoli le 23 août, l'ex-leader est intervenu à plusieurs reprises pour appeler ses partisans "à la résistance" par l'intermédiaire de messages audio diffusés par Arrai, mais les dernières images de lui remontent au 12 juin.
La télévision libyenne l'avait montré, vêtu d'une abaya marron et portant des lunettes de soleil noires, en train de jouer aux échecs avec Le président controversé de la Fédération internationale des échecs (Fide), le Russe Kirsan Ilioumjinov.
Mouammar Kadhafi est "en excellente santé" et "organise la défense" de la Libye, a déclaré Moussa Ibrahim interrogé par téléphone par Arrai.
"Nous sommes encore puissants", a-t-il ajouté affirmant, sans les nommer, que les fils du dirigeant libyen renversé "assument leur rôle dans la défense et le sacrifice" pour leur pays.
Fidèle de l'ancien homme fort libyen, Moussa Ibrahim se trouverait, selon les nouvelles autorités libyennes, dans l'oasis de Bani Walid, encerclé par les forces anti-Kadhafi.
Au poste de Chichan, près de Bani Walid, ville située à 170 km au sud-est de Tripoli, la situation était calme mardi matin, selon une journaliste de l'AFP.
Dans ce fief de l'ex-dirigeant libyen, les pro-Kadhafi utilisent, selon les nouvelles autorités, les civils comme des boucliers humains.
Mardi matin, les commandants du Conseil national de transition (CNT) attendaient sur place une délégation tribale composée d'anciens pour des discussions permettant de parvenir à solution pacifique.
"Nous attendons une délégation tribale d'anciens et nous espérons de bonnes nouvelles", a indiqué Abusif Ghnyah, un responsable médias du CNT. "Ce qui a changé à Bani Wali, c'est que les gens sont sérieux sur la recherche d'une solution sans que le sang soit versé et sans tirs", a-t-il ajouté.
Dans cette ville où la présence de plusieurs proches du régime a été évoquée -dont deux fils Kadhafi, Saadi et Mouatassim- l'ultimatum qui donnait jusqu'à dimanche aux pro-Kadhafi pour se rendre est expiré et les négociations sont officiellement terminées mais les chefs de tribus continuent à oeuvrer.
La tribu de la ville, les Warfalla, une des plus puissantes du pays, est liée à celle de Mouammar Kadhafi dont elle est fidèle.
Sur le plan politique, le Conseil de sécurité doit discuter vendredi d'une mission de l'ONU de trois mois en Libye pour aider les nouvelles autorités à réformer la police et la justice et à préparer les élections, selon un porte-parole de l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ian Martin.
Dans le pays secoué par plus de six mois de guerre, l'économie a été ravagée mais elle est stable, avec une inflation maîtrisée et pas de problèmes insurmontables, a assuré par ailleurs le "ministre" intérimaire de l'économie.
Ainsi, le géant suisse des matières premières Glencore a signé un premier contrat en Libye avec la Compagnie nationale de pétrole (National Oil Company, NOC) pour l'approvisionnement du pays en hydrocarbures, selon une source proche du dossier.