Londres, Berlin, Paris pour de nouvelles sanctions contre l'Iran

Reuters

BRUXELLES/PARIS - La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont proposé à leurs partenaires européens de nouvelles sanctions contre l’Iran visant ses activités balistiques et son rôle en Syrie avec l’objectif de convaincre les Etats-Unis de préserver l’accord de 2015 sur le programme nucléaire de la république islamique, selon un document obtenu vendredi par Reuters.

Le document a été envoyé vendredi dans les capitales européennes, ont dit à Reuters deux sources proches du dossier.

La mise en oeuvre de nouvelles sanctions à l’encontre de Téhéran nécessiterait le feu vert des 28 Etats membres.

“Nous allons faire circuler dans les prochains jours une liste de personnes et d’entités dont nous pensons qu’elles devraient être visées au regard de leur rôle publiquement démontré”, peut-on notamment lire dans le document.

La proposition sera débattue à huis clos par les ministres européens des Affaires étrangères lundi à Bruxelles, précise-t-on de source diplomatique.

Donald Trump a accepté le 12 janvier, pour la troisième fois depuis son accession à la Maison blanche, de prolonger la suspension des sanctions économiques contre l’Iran tout en fixant un délai de 120 jours aux Européens - au 12 mai - pour réviser l’accord sur le nucléaire iranien, “le pire” des accords selon lui.

La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, de même que les Etats-Unis, la Russie et la Chine, ont signé cet accord avec l’Iran en juillet 2015 à Vienne. Le plan d’action global conjoint (JCPOA) encadre les activités nucléaires iraniennes en contrepartie d’une levée progressive des sanctions frappant la République islamique.

L’IRAN MET EN GARDE CONTRE UNE “ERREUR DOULOUREUSE”

Le document que s’est procuré Reuters souligne que la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne sont engagées dans des “discussions intensives” avec l’administration Trump pour “obtenir une réaffirmation claire et durable du soutien des Etats-Unis à cet accord au-delà du 12 mai”.

Des discussions se sont du reste déroulées vendredi dans la capitale autrichienne entre des délégations des Etats-Unis et de ces trois pays européens.

L’émissaire américain Brian Hook a déclaré face à la presse qu’elles avaient été “très bonnes”. “Nous sommes d’accord sur beaucoup de choses, et là où nous sommes en désaccord, nous travaillons à réduire nos divergences”, a-t-il ajouté.

Le diplomate américain a réitéré les trois points qui expliquent l’opposition de Donald Trump à l’accord de Vienne: sa limitation dans le temps, le fait qu’il laisse de côté la question des essais de missiles balistiques et les inspections onusiennes de sites iraniens.

Mais Hook n’a pas précisé quel genre d’arrangement complémentaire à l’accord de Vienne il recherchait auprès de ses partenaires européens. Il a noté par ailleurs que le limogeage soudain du chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, et son remplacement par l’ex-directeur de la CIA, Mike Pompeo, lui aussi à l’accord de 2015, n’avait eu aucun effet sur ces discussions.

Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a réaffirmé vendredi à la télévision publique iranienne que “si les Etats-Unis font l’erreur de se retirer du JCPOA, ce sera à coup sûr une erreur douloureuse pour les Américains”.

Le ministre iranien n’a en revanche pas fait allusion à la possibilité de nouvelles sanctions européennes.


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