Louisa Hanoune vise les jeunes avec son programme économique
magharebia.com/Achira Mammeri et Said Jameh
Pour de nombreux Algériens, Louisa Hanoune – la première femme à se présenter à la présidence en Algérie – est étroitement liée au Parti des Travailleurs qu'elle dirige. Qualifiée par certains de "dame de fer", Mme Hanoune est une championne des réformes et une candidate infatigable.
Selon elle, cette élection est "le moment idéal pour rompre avec les politiques du passé".
"Il est temps que le peuple reprenne la parole", a-t-elle déclaré lors d'un récent meeting, appelant les électeurs à "se libérer des agissements et de l’idéologie du parti unique où le droit à la parole a été interdit".
Dans ses discours, Mme Hanoune s'oppose à la politique de privatisation poursuivie par l'actuel gouvernement, la tenant pour responsable de la perte de "milliers d'emplois".
Dans un programme largement dominé par les sujets économiques, Mme Hanoune se fait l'avocate de la protection des entreprises locales sous forme de taxes à l'importation. Elle est également favorable à la nationalisation des industries pétrolières et gazières, au renoncement à la dette, à la lutte contre la corruption, aux soins médicaux gratuits, et à l'augmentation du salaire mensuel minimum à 25 000 dinars.
Avec ses nombreuses promesses de réformes économiques, le message de Mme Hanoune doit encore s'imposer face aux critiques dans les médias.
Kamel Zait, rédacteur en chef de El Khabar hebdo, a expliqué à Magharebia que ses chances de remporter l'élection sont quasi nulles, du fait de son "discours trotskyste qui n'attire pas les sympathisants... ce courant idéologique ne bénéficie pas d'une large base populaire".
La candidate propose de nombreuses autres réformes. Si elle est élue, elle promet d'amender la constitution pour faire du tamazight la seconde langue officielle de l'Algérie. Elle souhaite également abaisser l'âge du vote de 18 à 16 ans.
Estimant que les dernières élections législatives étaient illégitimes, Mme Hanoune s'engage à dissoudre l'actuelle Assemblée Populaire Nationale et à créer une assemblée constituante démocratique directement élue par le peuple. Elle donnera également au peuple le droit de démettre le Président.
La Charte pour la Paix et la Réconciliation nationale doit également être modifiée, estime-t-elle. La secrétaire générale du PT affirme qu'elle comporte des "insuffisances", en particulier dans le traitement des cas des personnes disparues.
Une autre de ses priorités sera les négociations pour mettre un terme à la crise du Sahara Occidental, dont elle affirme qu'elle "déchire le Maghreb".
Cette leader socialiste, longtemps considérée comme une championne de l'opposition, a fait l'objet de polémiques ces derniers mois pour s'être trop rapprochée du discours politique officiel. Certains journaux sont même allés jusqu'à lui reprocher sa duplicité.
M. Zait a expliqué à Magharebia qu'Hanoune avait abandonné les rangs de l'opposition ces dernières années, "félicitant le Président Bouteflika à plus d'une occasion et restreignant... les critiques envers un ou deux ministres."
Mme Hanoune a contre-attaqué en portant plainte contre El Khabar hebdo et en rejettant toute allégation d'opportunisme politique.
Ses partisans ne se découragent pas. "Je voterai pour Louisa Hanoune", affirme Salah, 54 ans. "Je n’ai aucun complexe à voter pour une femme. Hanoun a le mérite d’être claire dans son discours."
"Nous sommes dirigés par des hommes depuis près de cinquante ans. Le résultat est là. Un désastre", conclut-il.
Un avis partagé par Assia : "Ce serait merveilleux si Hanoun venait à être élue le 9 avril. L’Algérie a besoin d’une rupture totale avec le passé. Nous voulons un changement. Il ne peut émaner que d’elle."