Ma soeur a été victime d'une secte : elle avait l'air triste. Je ne la reconnaissais plus
L'OBS
LE PLUS. Marie, une aide-soignante de 59 ans, était adepte de La Grande mutation, une secte qui promet la vie éternelle et dont le gourou est un ancien chercheur au CNRS. Cette mère de cinq enfants et grand-mère de 13 petits-enfants a mis fin à ses jours en mars 2015. Sa sœur Françoise témoigne de sa descente aux enfers.
Nous avons réalisé que quelque chose clochait en 2011. Marie avait l’air triste. Elle a commencé à nous parler de la Grande mutation.
Aux repas de familles, elle tenait des propos délirants. Il y avait de tout dans son discours : ADN, civilisations anciennes, astrologie… Elle disait :
"Cela relève du merveilleux, les énergies vibratoires ça remet d’aplomb."
C’était devenu son seul sujet de conversation
Selon elle, on avait tous 17 sens. Nous, on pensait qu’elle faisait partie d’un groupe type new age. Elle était intarissable sur les séminaires et les "systémies", ces réunions auxquelles elle assistait à Paris. C’était devenu son seul sujet de conversation.
Elle faisait aussi beaucoup d’exercices avec son pendule. Pendant les vacances, elle devait lire quarante numéros de la revue publiée par La Grande mutation.
On a été très surpris de découvrir qu’elle fréquentait ce mouvement depuis cinq ans. Avant cela, les médecines alternatives, type homéopathie, l’avaient toujours intéressée.
Elle s’inquiétait beaucoup pour son fils aîné, qui souffrait d’une grave d’infection. Un proche lui a conseillé d’aller voir un radiesthésiste à Paris, elle a foncé. Sauf que le radiesthésiste en question était un cadre de la Grande mutation.
Son divorce lui a été dicté par la secte
Elle s’est peu à peu éloignée de nous, alors que rien ne comptait plus que sa famille jusque-là. Elle disait qu’elle avait l’impression d’avoir nagé toute sa vie sous l’eau, qu’elle n’avait plus envie de faire partie de cette famille. Elle n’était plus pareille avec ses petits-enfants.
Si on lui téléphonait, elle ne rappelait presque jamais. Elle s’arrangeait pour travailler à Noël et au Nouvel an, histoire d’éviter les retrouvailles familiales.
Elle a fini par se séparer de son mari. Le divorce lui a été dicté par la secte, j’en suis certaine. Cela n’a été le choix ni de l’un ni de l’autre.
"Ca me gave quand tu m’appelles"
À la fin, je ne la reconnaissais plus, ce n’était plus elle. Elle me lançait : "Ca me gave quand tu m’appelles", alors que ce qui n’était pas du tout son registre de langage. La dernière fois que je l’ai vue, je l’ai trouvée tellement ridée, vieillie !
Sur les conseils du Centre d’accompagnement et de formation face à l’emprise sectaire (CAFFES) à Lille, on a déposé une plainte, l’une des premières dans ce dossier. Mais c’était trop tard, le mal était fait.
Le jour de ses funérailles, on a appris que les dirigeants de cette secte étaient mis en examen.
Source
Aux repas de familles, elle tenait des propos délirants. Il y avait de tout dans son discours : ADN, civilisations anciennes, astrologie… Elle disait :
"Cela relève du merveilleux, les énergies vibratoires ça remet d’aplomb."
C’était devenu son seul sujet de conversation
Selon elle, on avait tous 17 sens. Nous, on pensait qu’elle faisait partie d’un groupe type new age. Elle était intarissable sur les séminaires et les "systémies", ces réunions auxquelles elle assistait à Paris. C’était devenu son seul sujet de conversation.
Elle faisait aussi beaucoup d’exercices avec son pendule. Pendant les vacances, elle devait lire quarante numéros de la revue publiée par La Grande mutation.
On a été très surpris de découvrir qu’elle fréquentait ce mouvement depuis cinq ans. Avant cela, les médecines alternatives, type homéopathie, l’avaient toujours intéressée.
Elle s’inquiétait beaucoup pour son fils aîné, qui souffrait d’une grave d’infection. Un proche lui a conseillé d’aller voir un radiesthésiste à Paris, elle a foncé. Sauf que le radiesthésiste en question était un cadre de la Grande mutation.
Son divorce lui a été dicté par la secte
Elle s’est peu à peu éloignée de nous, alors que rien ne comptait plus que sa famille jusque-là. Elle disait qu’elle avait l’impression d’avoir nagé toute sa vie sous l’eau, qu’elle n’avait plus envie de faire partie de cette famille. Elle n’était plus pareille avec ses petits-enfants.
Si on lui téléphonait, elle ne rappelait presque jamais. Elle s’arrangeait pour travailler à Noël et au Nouvel an, histoire d’éviter les retrouvailles familiales.
Elle a fini par se séparer de son mari. Le divorce lui a été dicté par la secte, j’en suis certaine. Cela n’a été le choix ni de l’un ni de l’autre.
"Ca me gave quand tu m’appelles"
À la fin, je ne la reconnaissais plus, ce n’était plus elle. Elle me lançait : "Ca me gave quand tu m’appelles", alors que ce qui n’était pas du tout son registre de langage. La dernière fois que je l’ai vue, je l’ai trouvée tellement ridée, vieillie !
Sur les conseils du Centre d’accompagnement et de formation face à l’emprise sectaire (CAFFES) à Lille, on a déposé une plainte, l’une des premières dans ce dossier. Mais c’était trop tard, le mal était fait.
Le jour de ses funérailles, on a appris que les dirigeants de cette secte étaient mis en examen.
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