Madagascar : Incroyable Marc Ravalomanana

courrierinternational.com/Sylvain Ranjalahy

Racontant les conditions de son départ du pouvoir, le 17 mars, le président malgache déchu a déclaré avoir été "menacé par une arme" et que sa femme et son fils se seraient cachés dans la forêt pour échapper aux militaires. De pures affabulations, dénonce L'Express de Madagascar.

Il est vrai que Marc Ravalomanana n'a jamais parlé de démission dans l'ordonnance par laquelle il donnait les pleins pouvoirs à un directoire militaire, le 17 mars 2009, sous-entendant même qu'il reprendrait les affaires après le retour au calme. En revanche, lors du sommet extraordinaire de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), le 30 mars à Mbabane, capitale du Swaziland, le président malgache déchu a pris ses "potes" africains pour des gobe-mouches.
Afin de susciter la compassion et de pousser la SADC à une impossible intervention militaire, il est allé si loin dans son raisonnement qu'il a provoqué l'indignation. Un véritable conte de fée à l'image de son parcours – du sommet à la chute. On peut être un président déchu après avoir été lâché par l'armée, on ne peut pas perdre sa dignité, se décrédibiliser en tombant dans le ridicule, qui ne tue pas certes, mais qui avilit.
Ravalomanana a certainement réussi à convaincre – sinon la SADC n'aurait pas admis en son sein Madagascar, qui n'a que sa pauvreté à exporter – ses pairs de l'Afrique australe de la véracité de son histoire, mais il n'a fait qu'aggraver son cas sur le plan international. C'était à bon escient que son homologue français avait déclaré qu'il y avait beaucoup à dire au sujet du président malgache. Autant les diplomates ont pris fait et cause pour lui après le coup d'Etat à l'épiscopat d'Antanimena [quand l'état-major a été forcé de transmettre ses pouvoirs à Andry Rajoelina], autant ils pourraient réviser leur appréciation. L'autoplaidoirie de Ravalomanana à la tribune de la SADC leur donne davantage de précisions sur la personnalité – insaisissable – de l'ancien président malgache.
L'attitude de Ravalomanana est un désaveu à l'endroit de la communauté internationale qu'il avait convoquée au palais présidentiel d'Iavoloha pour lui faire part de sa décision de quitter le pouvoir. Personne n'a d'ailleurs jamais su comment il s'était enfui. De là à se prendre pour un héros des Fables de La Fontaine, c'est un autre talent que l'on découvre chez l'ancien président.


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