Malgré les heurts avec l'ONU, Haïti prépare la présidentielle
AFP
Port-au-Prince - Les heurts en Haïti entre manifestants et soldats de l'ONU, sur fond d'épidémie de choléra, n'entravaient pas vendredi la préparation de la présidentielle du 28 novembre, et les habitants de la capitale Port-au-Prince retiraient les documents qui leur permettront de voter.
"Il y avait déjà du monde il y a quelques mois, mais depuis quelques jours la foule grossit à cause de l'élection", assure Jean Kenol Exophe, responsable local de l'Office national d'identification (ONI).
Jusqu'à lundi, la distribution des cartes se faisait à l'office d'assurance des véhicules de Pétion-ville, mais désormais "on le fait ici pour aller plus vite, comme l'élection approche", explique à l'AFP un policier, Clarel Jabouin.
"Beaucoup de gens ne vont pas aller voter parce qu'ils ne connaissent pas les candidats ou parce qu'ils ne savent pas à quoi ça sert. Pour moi, c'est important. C'est un droit civique", explique Venante Pierre, une étudiante en informatique de 32 ans.
Près de 4,7 millions d'Haïtiens vont être appelés à choisir un successeur au président René Préval parmi 19 candidats. Ils devront également élire 11 sénateurs et 99 députés.
Pour le moment, il n'est pas question de repousser la date du vote malgré l'épidémie de choléra dans le pays le plus pauvre des Amériques, touché en janvier par un séisme qui a fait plus de 250.000 morts.
"Au regard de l'ampleur du désastre dû au séisme et des défis sanitaires actuels, les choses avancent relativement bien en matière d'élections", a estimé le chef de la diplomatie américaine pour l'Amérique latine, Arturo Valenzuela.
Le report du scrutin est une des revendications des émeutiers, des jeunes pour la plupart, qui ont affronté les soldats de la mission de l'ONU dans le pays (Minustah) jeudi dans le centre de Port-au-Prince. Des coups de feu ont été entendus et des gaz lacrymogènes ont été lancés.
Vendredi matin le calme semblait revenu à Cap-Haïtien (nord), la deuxième ville du pays, après quatre jours de heurts entre Casques bleus et manifestants durant lesquels trois personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées.
Les manifestants reprochent notamment aux soldats de l'ONU d'être à l'origine de l'épidémie qui a fait 1.186 morts depuis la mi-octobre, selon le dernier bilan des autorités. Au total, 19.646 personnes ont été hospitalisées.
Le représentant en Haïti du secrétaire général de l'ONU, Edmond Mulet, a lancé un "cri d'alarme" à propos de la situation des malades.
"Chaque seconde qui passe peut sauver ou briser des milliers de vies", a lancé M. Mulet, qualifiant de "criminels et irresponsables" les organisateurs des manifestations.
"Si cette situation perdure, de plus en plus de patients en attente désespérée de soins risquent de mourir", a-t-il déclaré.
Médecins sans frontières a déploré la "lenteur du déploiement des secours" face à la progression de l'épidémie et a appelé "tous les acteurs à renforcer leur action".