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Gao (Mali) - Le Premier ministre malien par intérim Diango Cissoko a exhorté jeudi à Gao (nord) l'armée française à rester au Mali, trois mois après le début de son intervention contre les islamistes armés et un début de retrait amorcé cette semaine.
La visite de M. Cissoko à Gao est la première d'un Premier ministre malien depuis le déclenchement de la crise il y a plus d'un an dans cette région occupée et meurtrie par les islamistes liés à Al-Qaïda pendant presque toute l'année 2012, en partie chassés par l'intervention française.
Accueilli par plusieurs personnalités civiles et militaires, parmi lesquelles des officiers français, M. Cissoko a rendu hommage à l'intervention de la France au Mali pour en chasser les islamistes armés. "La Nation malienne vous en sera éternellement reconnaissante", a-t-il dit.
Il a exhorté la France à "continuer dans cette voie", c'est-à-dire à rester au Mali, quelques jours après un début de retrait - une centaine d'hommes - des quelque 4.000 soldats français déployés dans le pays depuis janvier pour stopper une avancée des islamistes armés vers le Sud et la capitale Bamako.
Cela fait trois mois jour pour jour que l'intervention française a débuté au Mali, le 11 janvier.
Paris a annoncé un retrait progressif d'ici la fin de l'année, pour arriver à 2.000 soldats à l'été et à un millier en décembre qui auront vocation à rester aux côtés d'une force de l'ONU de quelque 11.000 hommes en préparation.
Alliés à l'armée malienne et d'autres armées africaines, les soldats français ont à ce jour réussi à chasser en partie les jihadistes du nord du pays, mais des poches de résistance demeurent, en particulier dans la région de Gao, la plus grande ville de la région, située à près de 1.200 km de Bamako.
Au lendemain de vives critiques américaines contre les troupes africaines jugées "incapables", la France leur a rendu hommage jeudi en soulignant qu'elles "ont pris une part active aux opérations contre les groupes terroristes présents dans le nord du Mali".
Un millier de soldats français mènent depuis dimanche une opération dans une vallée au nord de Gao, considérée comme la principale base d'un des groupes islamistes armés ayant occupé le Nord, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).
Réconciliation et élections
En février, les jihadistes avaient réussi à s'infilter dans Gao où ils avaient commis les premiers attentats-suicides de l'histoire du Mali. De violents combats les avaient opposés aux soldats français et maliens dans le centre-ville.
Parallèlement à la poursuite des opérations militaires dans le Nord, le processus de réconciliation entre les différentes communautés du Mali et de préparation d'élections prévues en juillet se poursuit.
Un décret du président par intérim Dioncounda Traoré rendu public mercredi soir désigne les trente membres de la Commission dialogue et réconciliation (CDR), parmi lesquels trois touareg et cinq arabes, représentants de communautés souvent assimilées aux islamistes.
En mars, le gouvernement avait annoncé la création de cette commission et nommé à sa tête Mohamed Salia Sokona, ex-ministre et ex-ambassadeur à la retraite.
Les signes d'une volonté de réconciliation sont une exigence de la communauté internationale avant la tenue d'élections générales - dont une présidentielle - que les autorités de transition à Bamako se sont engagées à organiser en juillet, à une date qui n'a pas encore été fixée.
Le principal parti politique malien, l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), a désigné son candidat à la présidentielle, en la personne de Dramane Dembélé, un ingénieur des mines de 46 ans, considéré comme un proche du président Dioncounda Traoré dont il fut étudiant.
De nombreuses interrogations demeurent sur la possibilité de tenir des élections dans un délai aussi serré, en raison de l'instabilité persistante dans le Nord où quelque 400.000 déplacés et réfugiés ayant fui la guerre ne sont toujours pas retournés.
Et les accusations d'exactions contre les minorités du pays se poursuivent: deux Touareg, soupçonnés d'avoir soutenu les jihadistes, arrêtés dans le Nord par l'armée en février, sont morts en détention à Bamako après avoir été "torturés", selon l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW).