Manifestants tués: l'ex-ministre égyptien de l'Intérieur plaide non coupable
AFP
Le Caire - L'ex-ministre égyptien de l'Intérieur Habib el-Adli, accusé d'avoir ordonné de tirer sur des manifestants durant la révolte qui a renversé Hosni Moubarak, a plaidé non coupable mardi à l'ouverture de son procès, reporté au 21 mai après une séance houleuse.
Habib el-Adli
M. al-Adli et six de ses collaborateurs, qui doivent répondre de la mort de ces manifestants ainsi que de l'insécurité qui a suivi le retrait de la police des rues d'Egypte après "le vendredi de la colère" le 28 janvier, ont plaidé non coupables, ont indiqué des avocats présents dans la salle à l'AFP.
Le juge, Adel Abdessalam Gomaa, a reporté le procès au 21 mai à la demande de la défense, qui a dit avoir besoin de plus de temps pour étudier le dossier, mais aussi à la demande des avocats des familles des victimes.
La séance a été houleuse, ces avocats réclamant que le procès ait lieu dans une salle plus grande pouvant accueillir un large public tandis que des coups étaient entendus à la porte.
Très peu de journalistes ont pu assister à l'audience.
Le tribunal avait été placé sous haute protection policière et militaire, avec un long cordon policier et des camions de la police anti-émeutes ainsi que des chars de l'armée devant le bâtiment, selon un correspondant de l'AFP sur place.
Une cinquantaine de personnes, dont des membres des familles des victimes, manifestaient devant le tribunal aux cris de "Adli, peine de mort, ce chien doit être immédiatement exécuté".
Habib el-Adli, évincé du gouvernement fin janvier, avait été arrêté le 17 février. Il fait déjà l'objet d'un autre procès en cours pour des accusations de malversations financières pour lesquelles il a plaidé non coupable.
L'ancien ministre de l'Intérieur est honni par une grande partie de la population égyptienne. Son départ avait été réclamé avec insistance par les manifestants dès le début de la révolte contre le régime le 25 janvier.
La chute de M. Adli s'inscrit dans un contexte de crise profonde de la police, qu'il a commandée avant d'être remplacé sous la pression de la rue dans les derniers jours au pouvoir de l'ancien raïs.
La police est accusée d'être responsable d'une large partie de la répression et de s'être retirée des rues pendant plusieurs jours au plus fort de la crise pour laisser s'installer l'insécurité.
Plusieurs autres anciens ministres et hommes d'affaires font l'objet de poursuites pour corruption ou détournement de fonds.
M. Moubarak lui-même est en détention provisoire dans le cadre de l'enquête sur la violente répression. Il se trouve à l'hô pital international de Charm el-Cheikh après un accident cardiaque pendant un interrogatoire.
Le Parquet général a ordonné dimanche son transfert prochain dans un hô pital militaire en attendant que l'hô pital de la prison de Tora au Caire, soit suffisamment équipé pour le recevoir.
Ses deux fils, Alaa et Gamal, ont été placés en détention provisoire à Tora dans le cadre de la même enquête et font l'objet d'une autre enquête pour corruption. Ils sont notamment accusés d'avoir obligé des hommes d'affaires à les faire entrer comme associés dans des partenariats locaux avec des compagnies étrangères.
Avant le soulèvement, Gamal, très proche des milieux d'affaires et cadre dirigeant du parti au pouvoir, était considéré comme le successeur probable de son père. Son frère aîné Alaa a fait carrière dans les affaires.