Marc Ravalomanana, l'ancien laitier devenu président de Madagascar
AFP
Antananarivo - Chassé du pouvoir il y a près de trois ans, Marc Ravalomanana, 62 ans, est un ancien laitier devenu millionnaire, qui se considère toujours comme le président "démocratiquement élu" de Madagascar.
Marc Ravalomanana
En août 2010, la cour criminelle d'Antananarivo l'a condamné par contumace aux travaux à perpétuité pour meurtre et complicité de meurtre lors d'une fusillade, le 7 février 2009.
Au plus fort de la contestation populaire qui finira par le renverser, la garde présidentielle avait tiré sur la foule qui tentait de prendre d'assaut le palais présidentiel, faisant une trentaine de morts.
L'ancien président et ses partisans soutiennent que les tirs ne venaient pas du palais, et que la tuerie était une machination pour accélérer l'accession au pouvoir de son rival de l'époque, le maire de la capitale Andry Rajoelina.
Le 17 mars 2009, Ravalomanana a remis ses pouvoirs à un directoire militaire qui les a aussitô t transmis à M. Rajoelina. Il s'est alors envolé avec sa famille pour le Swaziland d'abord, l'Afrique du Sud ensuite.
"Je n'ai jamais démissionné. Je suis le président démocratiquement élu de Madagascar", a-t-il toujours affirmé.
Maire d'Antananarivo et candidat à la présidentielle en 2001, M. Ravalomanana avait évincé, grâce à un élan populaire, le président Didier Ratsiraka qui occupait la scène politique depuis près de trente ans.
En décembre 2006, il avait été élu dès le premier tour de la présidentielle, puis avait quasiment réussi en 2007 et 2008 un grand chelem électoral (référendum constitutionnel, législatives, municipales, régionales, puis sénatoriales).
"Ambitieux", "volontaire": ses partisans vantent son énergie et ses réalisations en termes d'infrastructures durant son mandat. Ses détracteurs dénoncent son autoritarisme, son affairisme et les atteintes aux libertés dans le pays.
Issu d'une famille paysanne des environs d'Antananarivo, cet ancien livreur de lait a créé à partir du yaourt Tiko un empire agroalimentaire sans concurrence à Madagascar.
Le "self made man" plus à l'aise en anglais qu'en français --langue du colonisateur, toujours officielle sur la Grande Ile--, l'un des hommes les plus riches du pays, a profité de sa position pour consolider son assise commerciale et industrielle, mélangeant gestion de l'Etat et intérêts privés.
Ce personnage autrefois disponible et plutô t timide, mais devenu de plus en plus inaccessible et autoritaire, a déçu à l'épreuve du pouvoir, et n'a pas su concrétiser ses promesses d'ouverture démocratique et de développement économique.
Il promet aujourd'hui liberté de la presse et liberté d'expression s'il est réélu à la présidence.
Marié et père de quatre enfants, Marc Ravalomanana s'est installé avec sa famille dans la banlieue de Johannesburg.
Il est resté en contact permanent avec ses lieutenants qui ont participé aux négociations de sortie de crise à Madagascar. Ecarté lui-même du dialogue malgacho-malgache qui a lieu sur la Grande île, il a surtout fait du lobbying auprès de la communauté internationale.
En septembre, sa mouvance a signé avec d'autres partis politiques malgaches une feuille de route de sortie de crise partageant le pouvoir jusqu'à l'organisation de nouvelles élections.
Le document indique aussi que les autorités devront permettre à "tous les citoyens malgaches en exil pour des raisons politiques de rentrer à Madagascar sans conditions, y compris M. Ravalomanana".
Une "note explicative" a toutefois été ajoutée au texte pour préciser que "sans conditions" ne suggère et n'implique pas "une exonération de poursuites judiciaires".