Mariage homo: la loi votée, Hollande "appelle à l'apaisement"

AFP

Paris - François Hollande, s'exprimant au lendemain du vote définitif par le Parlement de l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, a appelé mercredi à "l'apaisement" et au rassemblement du pays sur "l'essentiel", à savoir l'emploi et le redressement économique.

Mariage homo: la loi votée, Hollande
Au lendemain de l'adoption du mariage homosexuel, François Hollande a lancé mercredi un appel à "l'apaisement et au rassemblement", mais les opposants ne désarment pas et comptent encore sur un recours au Conseil constitutionnel et la pression de la rue pour amender le texte.

Le Parlement a adopté mardi, par un ultime vote de l'Assemblée nationale, le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels, après des mois de débat très passionnel.

Par ce vote, la France est devenue le 9e pays européen, et le 14e dans le monde, à instaurer le mariage homosexuel. Les couples de même sexe auront donc désormais le droit de se marier et d'adopter. Dans les faits, l'adoption à l'étranger devrait leur rester fermée et la loi servira essentiellement aux futurs mariés à adopter l'enfant de leur conjoint.

Ce qui était un engagement de campagne de François Hollande est vite apparu comme une épine dans le pied du gouvernement, venant jusqu'à occulter le reste de son action.

Mercredi, le chef de l'Etat a brièvement pris la parole à la sortie du Conseil des ministres pour appeler à "l'apaisement" et au rassemblement du pays sur "l'essentiel", à savoir l'emploi et le redressement économique.

La réforme a en effet donné lieu à plus de six mois de débats parlementaires houleux, ponctués de manifestations ayant réuni des centaines de milliers d'opposants dans la rue, dont certains ont fini par nettement radicaliser leurs actions.

Mardi après le vote, de nouveaux incidents ont d'ailleurs éclaté en France, pendant que les partisans du projet laissaient éclater leur joie.

Le gouvernement espère désormais que les premières unions homosexuelles pourront être célébrées "en juin".

Malgré son opposition farouche au mariage pour tous, l'UMP Hervé Mariton, maire de Crest (Drôme), a lui-même redit qu'il procéderait aux mariages. "Par respect des personnes et par respect de mes adjoints auprès desquels je ne conçois pas de déléguer ce qui me gênerait moi et parce que je n'ai pas de raison de me considérer comme gêné", a-t-il dit.

Mais les détracteurs du texte se disent déterminés à "ne rien lâcher" et à entrer "en résistance pacifique", selon les mots de Frigide Barjot, l'égérie de la Manif pour tous, principal collectif d'opposants au projet.

Deux nouvelles manifestations sont prévues les 5 et 26 mai.

"Le gouvernement est serein"

L'opposition a aussitôt déposé un recours contre le projet auprès du Conseil constitutionnel, faisant notamment valoir que la définition du mariage "ne peut être modifiée par une loi simple" et que "les dispositions relatives à la filiation adoptive violent le principe du droit au respect de la vie privée familiale".

Les Neuf sages ont un mois pour se prononcer. Si le gouvernement demande l'urgence, ce délai pourra toutefois être ramené à une semaine. François Hollande a précisé mercredi qu'il promulguerait la loi "aussitôt donnée" la décision du Conseil constitutionnel.

"Le Conseil est souverain", mais "le gouvernement est serein", a indiqué mercredi matin le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, assurant qu'il ne craignait "pas du tout" une censure.

Le constitutionnaliste Guy Carcassonne a aussi estimé qu'il s'agissait d'un "problème législatif", pas "constitutionnel", ce qu'avait d'ailleurs rappelé le Conseil il y a deux ans lorsque la question lui avait été posée via une QPC.

Reste que la France ressort plus divisée qu'elle ne l'était, a regretté le président du MoDem François Bayrou, expliquant que "le bilan des mois de discussions" comportait pour lui "de l'amertume".

La droite reproche au gouvernement d'être resté sourd aux revendications des opposants, et flou sur ses intentions en matière de procréation médicalement assistée (PMA).

"Ce n'est pas une affaire terminée", a prévenu mercredi Jean-Pierre Raffarin, évoquant "une faute majeure de l'exécutif d'avoir divisé les Français à un moment où il fallait les rassembler pour l'emploi".

L'ancien Premier ministre UMP a assuré que "la politique familiale sera un grand enjeu des municipales" et que l'UMP va préparer "un grand texte" sur ce thème. Mais les responsables UMP se sont pour le moment montrés divisés sur la marche à suivre en cas de victoire.


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