Mario Vargas Llosa, un classique contemporain

AFP

Lima - L'écrivain hispano-péruvien, Mario Vargas Llosa, 74 ans, qui s'est vu décerner jeudi le prix Nobel de Littéraure, est considéré depuis des années comme un classique contemporain, auteur d'une oeuvre d'inspiration historique aux formes narratives innovatrices.

Mario Vargas Llosa
Mario Vargas Llosa
Déjà lauréat, entre autres récompenses, du prix Cervantès, la plus importante distinction littéraire en espagnol, il est l'auteur d'une trentaine de livres (essais, romans, nouvelles, théâtre) traduits dans le monde entier.

Cet ancien journaliste et professeur a été le candidat d'une coalition de centre-droit à la présidence du Pérou en 1990, battu par Alberto Fujimori.

Haute silhouette massive, toujours élégant, Mario Vargas Llosa intervient fréquemment dans la plupart des grands journaux mondiaux pour défendre le libéralisme.

Né à Arequipa (sud du Pérou), le 28 mars 1936, il est élevé par sa mère et ses grands-parents maternels à Cochabamba (Bolivie), puis au Pérou. Après des études à l'Académie militaire Leoncio Prado de Lima, il décroche une licence de lettres à l'Université San Marcos de Lima. Grâce à une bourse, il poursuit ses études et obtient un doctorat à Madrid.

Il s'installe ensuite à Paris, où, marié à sa tante Julia Urquidi, de 15 ans son aînée, il exerce diverses professions: traducteur, professeur d'espagnol, journaliste à l'Agence France-Presse (AFP).

En 1959, il publie son premier recueil de nouvelles "Les caïds" qui lui vaudra le Prix Leopoldo Alas. Mais c'est avec le roman "La ville et les chiens" -- inspiré par ses dures années parmi les "cadets" et traduit en une vingtaine de langues -- que sa carrière littéraire décolle en 1963. Trois ans plus tard, il consolide sa notoriété avec "La Maison verte".

Séduit par Fidel Castro et la révolution cubaine, il se rend à La Havane qu'il quittera pour regagner l'Europe avec une nouvelle épouse, Patricia. En 1971, l'auteur rompt publiquement avec la révolution castriste et les mouvements d'extrême-gauche, devenant un critique acerbe du "lider maximo".

Le prestige littéraire de Vargas LLosa s'est entre-temps renforcé avec la parution en 1969 de son roman documentaire "Conversation à la cathédrale" où il raconte, avec maestria, une longue conversation dans une taverne péruvienne.

Suivent d'autres succès comme "Pantaleon et les visiteuses" (1973), satire du fanatisme militaire, "La tante Julia et le scribouillard" (1977), inspiré de son premier mariage, "La guerre de la fin du monde" (1982) évoquant la politique brésilienne.

Parmi ses oeuvres principales, figurent aussi "Qui a tué Palomino Molero?" (1986) sur les violences politiques au Pérou, et "Le poisson dans l'eau" (1993), récit autobiographique, ou encore "Eloge de la marâtre", "Tours et détours de la vilaine fille" ou "La fête au bouc".

Ce vieil ennemi des dictatures a notamment relaté de manière saisissante dans ce dernier livre les derniers jours de Son Excellence Rafael Leonidas Trujillo Molina, qui fit régner la terreur pendant 31 ans en République dominicaine.

Une étroite amitié le liera pendant plusieurs années à l'écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez, resté proche de Castro, mais elle se terminera abruptement dans un incident qu'aucun des protagonistes n'a expliqué. "Que les biographes se chargent de ce sujet", a conseillé Vargas Llosa.

En 1990, il tente l'aventure politique à droite de l'échiquier comme candidat du Front démocratique lors de l'élection présidentielle péruvienne. Battu à plate couture par Alberto Fujimori, il abandonne son pays, reprend ses activités littéraires et gagne Londres.

En 1993, il obtient la nationalité espagnole. "Le Pérou veut me retirer ma citoyenneté et je n'aimerais pas me convertir en paria du jour au lendemain", explique-t-il en dénonçant l'administration Fujimori.

Son prochain livre, "El sueno del celta", consacré au diplomate britannique Roger Casement qui dénonça les atrocités commises dans le Congo de Léopold II, sortira début novembre en langue espagnole.


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