Marrakech: un Marocain, principal suspect, avait séjourné en Libye
AFP
Rabat - La police marocaine interrogeait vendredi un Marocain, suspect principal dans l'attentat du 28 avril à Marrakech, et a établi qu'il avait vécu en Libye, et avait tenté de se rendre en Irak.
L'annonce de l'interpellation de cet homme et de deux autres Marocains est intervenue une semaine aprés l'attentat le plus meurtrier depuis les attaques islamistes à Casablanca en 2003 qui ont tué 33 personnes et 12 kamikazes.
Selon une source sécuritaire ayant requis l'anonymat, le principal suspect s'appelle Adil El-Atmani, et les trois hommes ont été été arrêtés à Safi.
Malgré ces trois arrestations, M. Cherkaoui a indiqué, dans une déclaration à la presse, que l'enquête, à laquelle participe la police française, se poursuivait.
Le ministre a décrit le suspect principal comme un "admirateur d'Al-Qaïda" qui a "tenté plusieurs fois de rejoindre les points chauds du terrorisme, mais il a échoué".
"Devant ces échecs, il a décidé de réaliser un grand acte terroriste au Maroc", a-t-il poursuivi. "Il a choisi Marrakech parce que la ville attire beaucoup de visiteurs étrangers".
"Il a visé l'Argana parce qu'il a constaté que c'était un café très fréquenté par les étrangers", a-t-il poursuivi.
Le 28 avril, en fin de matinée, "il est sorti du café, en laissant derrière lui une valise contenant les deux bombes de 6 à 9 kilos, qu'il a actionnées avec un téléphone portable", a expliqué le ministre.
Selon une source sécuritaire, "il était déguisé en touriste, avec une perruque et une guitare". Les deux bombes ont été placées dans deux cocottes minutes, dissimulées dans une valise, selon cette source.
La terrasse du café, d'où les touristes aimaient observer l'activité de la place Jamâa El-Fna, a été soufflée par la puissante explosion.
Le suspect avait commencé il y a six mois à se procurer des produits explosifs pour fabriquer la bombe, selon M. Cherkaoui. Ces produits étaient "dissimulés chez ses parents à Safi".
Avec les deux autres suspects, il "a tenté de rejoindre l'Irak via la Libye en mai 2008, mais ils ont été arrêtés par les autorités libyennes et expulsés vers le Maroc", a encore révélé le ministre .
Auparavant, il avait "été arrêté au Portugal en 2004 et en Syrie en 2007, et dans les deux cas il a été expulsé vers le Maroc", a poursuivi le ministre.
Il "est fortement imprégné de l'idéologie jihadiste" et "exprime ouvertement son allégeance pour Al-Qaïda", dont les émules sont actifs dans plusieurs pays du Sahel et ont pris la France pour cible.
Dès le lendemain de l'attentat, les autorités marocaines avaient assuré que le mode opératoire de l'attentat rappelait celui adopté par Al-Qaïda.
Cet attentat est le plus grave qu'ait connu le Maroc, pays d'Afrique du nord de 32 millions d'habitants, depuis les attaques de Casablanca en mai 2003.
Selon la loi anti-terroriste au Maroc, les suspects peuvent rester en garde à vue jusqu'à 12 jours.
Le ministre français de l'Intérieur Claude Guéant a déclaré vendredi à l'AFP qu'il n'était "pas exclu qu'il y ait d'autres ramifications et d'autres personnes à interpeller". Il a rendu hommage au caractère "exemplaire" de l'enquête marocaine.
Samedi, sur la place Jamâa El-Fna, plusieurs milliers de Marocains et "amis du Maroc" devraient se retrouver, après s'être donné rendez-vous sur Facebook.
L'objectif est de "tourner la page de la tristesse", indiquent les organisateurs.