Mary et Max : le syndrome d'Asperger en pâte à modeler
AFP
Paris - Il faut imaginer Wallace et Gromit dans une version neurasthénique mêlant le syndrome d'Asperger, la taxidermie, l'agoraphobie, l'obésite et la cleptomanie pour avoir une idée précise du film "Mary et Max", qui sort en salles mercredi.
Mary ressemble à Woody Allen expliquant Manhattan à des étudiants en cinéma, et Max est devenu obèse à force de manger des hot dogs au chocolat ce qui, par voie de conséquence, l'a amené à fonder un groupe d'"hyperphages anonymes".
L'une habite en Australie, l'autre à New York, l'une évolue dans un décor perpétuellement sépia, l'autre dans un environnement éternellement gris.
Et, durant des années, ils vont s'écrire pour évoquer leur mal-être, se confier, partager leurs traumatismes, leurs complexes, leurs misères.
Max qui désire depuis toujours un ami "qui ne soit pas invisible ou en caoutchouc" et Mary qui en veut un "ni en coquillages, ni en os de poulet" vont devenir ainsi essentiels l'un pour l'autre.
Un malentendu conduira pourtant à une brouille, à l'arrêt de leurs échanges. Malheureuse, Mary, devenue adulte, se rendra enfin à New York pour une réconciliation. Hélas trop tard.
Si Wallace et Gromit peuvent parfois se laisser aller à quelques TOC, Mary et Max sont eux directement confrontés à la maladie mentale. Car, le syndrome d'Asperger, trouble du développement proche de l'autisme, est au coeur du film. "Mon but est non seulement de donner un éclairage sur les +Aspies+ (ndlr, les malades atteints du syndrome), explique Adam Elliot dans le dossier du film, "mais aussi de démonter les idées fausses que l'on a souvent sur eux".
Et comprendre les malades du syndrome d'Asperger passait peut-être par la confection de "808 boîtes de sachets de thé Earl Grey miniatures, découpées à la main, pliées, collées, emballées et décorées à l'aérographe" nécessaires à l'action du film.
"Mary et Max" qui sort sur 155 copies en France, a remporté au mois de juin le Cristal du long métrage du 33e Festival international du film d'animation d'Annecy, décerné ex aequo à "Coraline" de l'Américain Henry Selick.
Adam Elliot avait déjà réalisé une oeuvre de la même pâte avec "Harvie Krumpet", Oscar du meilleur court-métrage d'animation en 2004, qui évoquait un personnage atteint entre autres du syndrome de Tourette.
A noter que dans la version originale, les voix des principaux protagonistes de Mary et Max sont celles de Toni Collette (Mary), vue notamment dans "Little miss Sunshine", et de Philip Seymour Hoffman (Max), Oscar du meilleur acteur pour sa prestation dans "Truman Capote".