Mathieu Demy signe son premier film, répond à sa mère et s'offre Salam Hayek
AFP
Toronto - On connaissait l'acteur, le voici réalisateur: Mathieu Demy, fils de, a présenté à Toronto son premier long-métrage, "Americano", pour lequel il s'est offert Salma Hayek.

Mathieu Demy et Salma Hayek
C'est le film d'un enfant de la balle, d'un fou de cinéma qui allume les souvenirs, multiplie les oeillades au spectateur et se filme au volant d'une Ford Mustang rouge sur les routes de Californie, filant sur fond de couchant saturé de néons.
"Bien sûr j'assume les clichés: quitte à rouler en décapotable à LA...!", sourit-il. "Je voulais faire un film de cinéma (il insiste sur le mot), qui mêle la fiction aux souvenirs d'enfance. C'est un film aussi fictionnel que personnel", précise-t-il dans un entretien à l'AFP.
Quand il a surmonté sa peur de l'avion, Martin-Mathieu se rend en Californie liquider ce qui reste du quotidien maternel dont il ne connait pas grand chose à vrai dire. Son premier geste, d'une rare violence, est de vider les placards et jeter tout ce fourbi à la rue.
C'est ainsi qu'il tombe sur l'histoire de Lola (Salma Hayek), petite Mexicaine très proche d'Emilie, qu'il va débusquer dans un sombre bordel de Tijuana, repère de gueux et de bandits à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.
Voilà pour la fiction. D'ailleurs, cette très belle femme qui danse nue et cache ses économies dans une consigne de la gare routière n'a pas grand chose à voir avec la mégastar Salma Hayek,
brièvement passée par Toronto pour quelques entretiens au compte-gouttes filtrés par ses cerbères.
En revanche... un enfant de six, sept ans, élevé par une mère seule un peu paumée mais très aimante qui s'appelle Emilie, dans un appartement de Los Angeles meublé de bric et de broc récupérés dans la rue: c'est l'argument de "Documenteur", le faux documentaire que la mère de Mathieu Demy, Agnès Varda, cinéaste de la Nouvelle Vague, avait réalisé en 1981 et dont il
recycle ici les images dans leur format original sous forme de flashback.
Comme s'il reprenait à son compte, à 30 ans de distance, une forme de correspondance avec sa mère. Voilà pour la part d'intimité.
"C'est un film sur le deuil - quand ça arrive on ne sait pas du tout comment on va se comporter. C'est aussi un hommage à la relation filiale", résume Mathieu Demy qui indique avoir "beaucoup pensé" à son père Jacques, le réalisateur des "Demoiselles de Rochefort" disparu en 1990.
C'est ainsi qu'il a filmé en pellicule, comme autrefois, afin de préserver ce grain particulier du film et s'est régalé aussi à bidouiller les focales, les mains plongées avec délice dans la tambouille technique du cinéma: "J'adore ça, je suis d'ailleurs un grand lecteur de notices et je peux en parler des heures", jure-t-il.
Le reste, c'est son affaire de producteur et de réalisateur: tourner à Los Angeles et Tijuana pour les extérieurs malgré un microbudget de 2,6 millions d'euros et s'assurer la présence de trois actrices magnifiques.
Chiara Mastroianni, autre fille de, de la même génération, joue sa compagne. Quant à Salma Hayek et Geraldine Chaplin, il est allé les pêcher avec son scénario sous le bras et s'avoue le premier surpris de leur acceptation.
"C'est rassurant, ça montre que le cinéma est encore une affaire de conviction, plus que de connexion: on raconte une histoire et quand tout le monde adhère au projet, ça fonctionne".
(Le film sortira en France le 30 novembre)