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Chérif BOUDELAL
le 28/02/2011 16:13
Kadhafi seul contre tous !
Chronique du monde arabe et de ces malades qui le gouvernent
Par Chérif BOUDELAL – 27 février 2011 - immigrationstorys@yahoo.fr
Les villes les plus proches de Tripoli telles Misratah (à 40 KMS à l’Est de Tripoli) et Zawyah (à 15 KMS à l’Ouest de Tripoli) seraient tombées entre les mains des révolutionnaires : les milices de Kadhafi auraient pris la fuite devant les révolutionnaires laissant derrière elles des armes légères et lourdes, ainsi que des chars et des missiles. Encore plusieurs officiers des armées de terre et de l’air, ont ralliés les révolutionnaires samedi 26 février avec leurs soldats. Maintenant, aussi bien l’Est que l’Ouest de la Libye ont rallié la révolution des jeunes ; Des tribus dont Kadhafi prétendait avoir leur soutien ont démenti cette affirmation et déclarent leur ralliement à la révolution des jeune, traitant ce dernier de « bourreau de son peuple ».
Par ailleurs, les démissions des diplomates libyens continuent : des ambassadeurs ainsi que le représentant de la Libye auprès de l’ONU se sont ralliés à la révolution de leur peuple et déclarent l’illégitimité du régime de Kadhafi. Ceci dit, à part les milices familiales qui soutiennent encore le régime, Kadhafi est seul contre tous. Les gens qui le connaissent pensent que, arrogant qu’il est, il ne démissionnera pas et combattra jusqu’au bout. Cependant, vu l’unité du peuple libyen qui veut en finir avec ce bourreau, ses jours sont comptés. Ce n’est qu’une question de temps, nous pouvons dès maintenant féliciter le peuple libyen pour la victoire de sa Révolution.
Selon l’agence de presse « Reuters » les opposants libyens auraient constitué un Conseil national dont le siège est à Benghazi, dirigé par le ministre de la justice démissionnaire, Moustafa Mohamed Aboud Adjleïl, qui s’est rallié aux révolutionnaires dès les premiers jours. Interrogé par Aljazeera, ce dernier a déclaré que, vu que la Libye est sans institutions le Conseil aura pour tâche d’assurer les relations intérieures et extérieures en attendant la chute du régime et la constitution d’un gouvernement national de transition.
Deux internautes preneurs de photos ont été exécutés de sang froid par les milices de Kadhafi à Tripoli.
Aljazeera a montré un mercenaire noir africain avec les habits de paras, capturé samedi par les manifestants non armés à Tripoli, alors qu’il tirait sur la foule. Elle a montré également plusieurs étrangers (Noirs africains et arabes) présentés comme des mercenaires, capturés à Benghazi ; certains d’entre eux ont déclaré avoir été emmenés par avion d’un camp au Sud de la Libye où ils suivaient des entrainements, sans savoir ce qu’ils allaient faire.
Kadhafi dans l’impasse : les forces armées appartenant aux milices de Kadhafi et de ses enfants se concentrent dans les environs de la résidence de ce dernier qui pourrait vivre ces derniers moments. Et ses anciens amis le lâchent : les USA et l’UE menacent de geler les avoirs de Kadhafi et de ses enfants. Cependant, à l’exception de l’émir du Qatar qui a déclaré « le frère Kadhafi doit trouver une solution », le mutisme règne chez les dirigeants despotes arabes. Ceci est dû au fait que chacun d’entre eux se soucie de ce qu’il peut lui arriver après les despotes déjà « dégagés » (comme Ben Ali et Moubarak), et ceux qui sont en route (comme Kadhafi et Ali Abdellah Salah), en sachant que leur tour arrivera tôt ou tard.
Enfin, pour une fois le monde est émerveillé par le génie des peuples arabes !
Les manifestations de soutien au peuple libyen se multiplient à travers le monde, comme l’ont été pour les Tunisiens et les Egyptiens. La combativité des Libyens, comme celles des Tunisiens et des Egyptiens, suscite l’admiration de tous les peuples du monde au point que des intellectuels occidentaux appellent leurs peuples de prendre des leçons de ces peuples qui ont surpris tout le monde par leurs courage et leur patriotisme. Le philosophe Alain Badiou s’est exprimé dans le Monde du 18 février, dans un article intitulé « Tunisie, Egypte : quand un vent d'est balaie l'arrogance de l'Occident ». Voici ci-dessous un extrait de son article :
« Le vent d'est l'emporte sur le vent d'ouest. Jusqu'à quand l'Occident désœuvré et crépusculaire, la "communauté internationale" de ceux qui se croient encore les maîtres du monde, continueront-ils à donner des leçons de bonne gestion et de bonne conduite à la terre entière ? N'est-il pas risible de voir quelques intellectuels de service, soldats en déroute du capitalo-parlementarisme qui nous tient lieu de paradis mité, faire don de leur personne aux magnifiques peuples tunisiens et égyptiens, afin d'apprendre à ces peuples sauvages le b.a.ba de la "démocratie" ? Quelle affligeante persistance de l'arrogance coloniale ! Dans la situation de misère politique qui est la nôtre depuis trois décennies, n'est-il pas évident que c'est nous qui avons tout à apprendre des soulèvements populaires du moment ? Ne devons-nous pas de toute urgence étudier de très près tout ce qui, là-bas, a rendu possible le renversement par l'action collective de gouvernements oligarchiques, corrompus, et en outre – et peut-être surtout – en situation de vassalité humiliante par rapport aux États occidentaux ? »
Appel a nos amis Libyens : pas d’amalgames !
La révolution libyenne doit veiller à son caractère légitime et propre ; elle ne doit pas faire d’amalgames ni pratiquer la vengeance qui peuvent lui donner une mauvaise image. Les révolutionnaires doivent donner le bon exemple au monde et veiller à ce que leurs partisans se conduisent de la façon la plus correcte avec les étrangers qui vivent sur leur sol. En effet, nous avons appris que les travailleurs africains vivant dans les régions libérées (qui sont très nombreux en Libye) sont confondus avec les mercenaires. Ces travailleurs sont des gens venant de différents pays africains qui ont fui la misère ; car ils souffrent à la fois de la pauvreté et des bourreaux qui les gouvernent. Ces gens doivent être respectés, protégés et traités avec égard en Libye, comme le veut la tradition arabe.
Dernières nouvelles - lundi 28 février
Aljazeera annonce que les partisans de Kadhafi ont attaqué la ville de Zawyah - qui a été libérée par les opposants au régime - en utilisant tous les moyens tels le bombardement par l’artillerie et par l’aviation, provoquant 50 morts et des dizaines de blessés. Les révolutionnaires les ont repoussés et ont abattu un avion ; ils contrôlent également une partie de la base et de l’aéroport militaire, considérés comme le dernier point stratégique des partisans qui restent fidèles à Kadhafi.
Communiqué urgent
Un appel citoyen est lancé aux médecins libyens résident à l’étranger leur demandant de rentrer en urgence pour aider les médecins débordés, aussi bien dans les hôpitaux qu’à domicile, car il y aurait des milliers de blessés graves et très graves. Il parait que, dans la capitale, des blessés sont soignés chez eux car les milices se rendent dans les hôpitaux pour enlever ou achever les blessés opposants au régime, d’après les déclarations de certains Libyens.
Un appel urgent : est lancé également aux humanitaires pour la fourniture des médicaments, notamment pour les soins des blessés, car les hôpitaux en manquent.
Autres nouvelles
Tunisie : le Premier ministre tunisien du gouvernement de transition, El Ghannouchi, a démissionné de ses fonctions sous la pression des manifestants, et ce après avoir ajouté à liste macabre trois morts tombés sous les balles des reliquats de l’ancien régime ; cette démission a été suivie par celle du ministre de l'Industrie et de la Technologie, Mohamed Afif Chelbi. Les manifestants sont déterminés à continuer leurs manifestations et rassemblements jusqu’à ce que le gouvernement provisoire soit purifié des anciens du régime Ben Ali et que la constitution soit changée.
Égypte : Les Égyptiens continuent de sortir manifester par millions dans plusieurs villes du pays ? La place Tahrir reste le point stratégique du rassemblement hebdomadaire où tous les vendredis des centaines de milliers se rassemblent pour réclamer le départ des anciens du régime Moubarak du gouvernement provisoire. Dimanche, la commission chargée du remaniement de la constitution a présenté son rapport aux différentes parties qui composent l’opposition de l’ancien régime pour son appréciation avant de la présenter à un référendum populaire.
Le gouvernement égyptien interdit à l’ex président, Hosni Moubarak, et à sa famille de sortir du territoire national ; comme il gèle leurs avoirs. Les jeunes révolutionnaires réclament le jugement de Moubarak et de ses ex collaborateurs responsables des crimes et de la corruption. Oui, le peuple égyptien n’a pas sacrifié ses enfants pour offrir des vacances dorées à Moubarak dans le plus somptueux des palais qu’il s’est fait construire à Charm el Cheikh, au bord de la mer rouge, avec l’argent de l’Etat.
Yémen : Les Yéménites serrent l’étau sur le régime d’Ali Abdellah Salah, en continuant de manifester de plus en plus nombreux en maintenant leurs revendications, celles d’’en finir avec le régime en place. Plusieurs députés appartenant au parti au pouvoir démissionnent du parti pour protester contre la répression des manifestants. Ils se sont ralliés aux manifestants pour réclamer le départ du président Ali Abdellah Salah qui refuse de démissionné et menace de combattre jusqu’à la dernière goutte de son sang. Ce dernier a interdit les journalistes d’Al Jazeera d’exercer leur métier et ordonné leur expulsion, les accusant d’encourager le soulèvement contre son régime par la diffusion des images et des informations.
Liban : Plusieurs milliers de Libanais, en majorité des jeunes, ont manifesté ce dimanche pour réclamer l’abolition du régime tribalo-confessionnel qui déchirent le pays depuis son indépendance en 1943. Ce régime, cadeau empoisonné, lui a été « offert » par la France lors de son évacuation du Liban en pleine seconde guerre mondial. Ayant trop soufferts de ce régime confessionnel, voulu par les clans de la haute bourgeoisie et du féodalisme pour en tirer profit, les Libanais réclament aujourd’hui un régime républicain laïc.
Oman : Le sultanat d’Oman bouge à son tour. Les manifestants réclament des réformes et des droits. Le sultan Qabous ben Said s’est précipité à promettre des réformes des institutions, la création de 50.000 emplois et d’indemniser désormais les sans emplois. Suave qui peut !
Mauritanie : Les jeunes mauritaniens ont manifesté à Nouakchott ce vendredi 25 février pour demander le changement du régime. Les slogans scandés par ces jeunes : « Le peuple veut le départ du régime. Oui à des réformes en profondeur. Non à l'exclusion. Non à l'injustice et au népotisme. Nous avons faim, nous voulons du pain. Nous voulons juste vivre dignement. » Source l’AFP
Palestine : Israël profite des révolutions qui se déroulent dans le monde arabe, vers lesquelles l’opinion mondiale et les médias internationaux ont les yeux tournés pour pilonner les Palestiniens de Gaza de façon systématique. Plusieurs raids sur Gaza ont fait enregistrés, lors desquels des dizaines de morts et de blessés sont tombés depuis le début de l’année. En Cisjordanie la répression et les arrestations par l’armée continuent ; des occupations des terres et des maisons ainsi que le déracinement des oliviers par les colons se poursuivent également sans qu’aucun média occidental n’en parle.
C’est malheureux de le dire, mais les Palestiniens doivent se préparer à d’avantage de sacrifice car la Palestine ne sera libérée que si les peuples arabes parviennent à se libèrent de leurs régimes corrompus. Pour le moment il n’y a que 2 pays sur 22 qui ont été libérés (la Tunisie et Égypte), 2 autre sont sur le point de l’être (la Libye et le Yémen), il reste encore 18 pays dont la révolution n’est pas encore mise sur rail ; donc on ne sait pas combien de temps encore nos amis Palestiniens auront à souffrir et à mourir. Ce dont on peut être sûr c’est que, après tant d’année de souffrance en silence, les peuples arabes se sont réveillés et rien ne sera plus jamais comme avant.