Mickey Rourke dans "Iron Man 2", ou l'Actors Studio dans un film pop corn
AFP
Los Angeles - L'acteur américain Mickey Rourke, qui a connu un spectaculaire retour en grâce ces dernières années après quinze ans de déchéance, campe dans "Iron Man 2" un impressionnant "méchant", fruit d'un méticuleux travail de composition hérité de l'Actors Studio.

Mickey Rourke
Ses débuts d'acteur ont été des plus sérieux: c'est avec une enseignante de l'Actors Studio qu'il apprit les bases de son métier.
Et c'est fidèle à la "Méthode" de la célèbre école, qui encourage l'analyse profonde des motivations et de la psychologie des personnages, que Mickey Rourke a abordé le rô le du terrible Ivan Vanko, un ingénieur russe avide de vengeance, dans "Iron Man 2".
"Je ne connais pas beaucoup d'acteurs qui iraient dans une prison russe pour préparer leur rô le", déclarait la semaine dernière le producteur Kevin Feige à quelques journalistes, à Beverly Hills, avec l'équipe du film.
"Mickey est très professionnel, il dégage une gravité impressionnante", ajoute le scénariste, Justin Theroux.
De sa voix grave et chaude, au débit étonnamment calme, Mickey Rourke raconte sa rencontre avec un prisonnier russe.
"J'ai passé quelques coups de fils et on m'a laissé entrer dans la prison. Dix jours après, j'ai pu voir ce type. On a beaucoup parlé, il avait tous ces tatouages... Il me les a tous expliqués un par un", dit-il.
Son personnage étant russe, pas question pour Mickey Rourke de ne pas se plonger dans la langue. "J'ai eu un professeur pendant trois mois, cinq fois par semaine, trois heures par jour", déclare-t-il, tout en reconnaissant les limites de l'expérience. "Pour apprendre deux lignes de dialogue, il m'a fallu trois semaines. Et en plus, le professeur se moquait de mon accent".
L'acteur assure qu'il n'aurait pas accepté le rô le s'il n'avait pu imprimer sa marque au personnage. "Je ne voulais pas jouer le méchant Russe superficiel. Je voulais qu'il soit construit en plusieurs couches pour qu'on comprenne son comportement et la façon dont il réagit. Je ne voulais pas d'un stéréotype, je voulais l'humaniser", explique-t-il.
C'est une vraie renaissance pour l'acteur qui, il y a quelques années encore, "pouvait à peine payer ses factures. Mon problème, ce n'était ni la drogue, ni l'alcool, mais ma violence incontrô lée".
Le bout du tunnel -- marqué entre autres par cinq années de boxe, dont il est sorti défiguré -- est apparu avec "Sin City" de Robert Rodriguez.
"Quand j'ai fait le film, j'ai pensé +Oh mon Dieu, je suis dans un vrai film !+. Je savais qu'on me donnait une nouvelle chance et que cette fois, je ne pouvais pas la foutre en l'air", dit-il.
"Si je n'avais pas attendu 14 ans pour faire mon come-back, je n'aurais peut-être pas su me tenir. Mais je savais que si je redevenais violent, les répercussions seraient terribles", observe-t-il.
La consécration viendra en 2008 avec son rô le de catcheur à bout de souffle dans "The Wrestler", qui lui vaut un Golden Globe et une nomination à l'Oscar.
"Pendant toutes ces années (de déchéance), j'ai appris que la cause de mes problèmes, c'était moi et personne d'autre", avoue-t-il.