Mitt Romney repart en campagne, auréolé de son succès au débat contre Obama
AFP
Denver (Etats-Unis) - Mitt Romney repart en campagne jeudi tonifié par sa bonne performance de mercredi dans le débat contre Barack Obama, qui tentera de rassurer ses partisans après une prestation décevante.
Le président, malgré quelques bonnes formules décochées dans un sourire, s'est souvent empêtré dans de longues réponses tortueuses, le visage tendu et parfois éteint face à un Mitt Romney qui a prouvé qu'il pouvait débattre d'égal à égal avec un chef d'Etat sans paraître arrogant.
Attaquant le bilan économique de Barack Obama, Mitt Romney s'est tenu au message central de sa campagne: "Si le président est réélu, la classe moyenne continuera à être écrasée, avec des salaires en baisse et des prix en hausse".
Le républicain s'envole jeudi pour la Virginie, dans l'est, un Etat clé gagné par Obama en 2008 mais qui reste en jeu cette année. Il y retrouvera son colistier, Paul Ryan, pour une réunion publique.
Barack Obama étend son séjour à Denver pour un événement en plein air jeudi matin, avant de s'envoler pour le Wisconsin (nord), où un déplacement sur le campus de Madison lui rappellera qu'il mène largement les sondages dans cet Etat.
"La perspective de M. Romney est que si nous baissons les impôts pour les riches et supprimons des réglementations, nous vivrons mieux. J'ai un avis différent", a déclaré le démocrate pendant le débat.
Les deux candidats se sont interpellés à de nombreuses reprises durant une heure et demie d'émission, encouragés par un modérateur qui les poussait à décrire en détails leurs programmes économiques --une demande qui a parfois conduit à une avalanche de statistiques.
"Pas de changements spectaculaires"
Le rôle de l'Etat a donné lieu aux échanges les plus contrastés, Mitt Romney défendant l'efficacité du secteur privé même en matière de santé. Barack Obama s'en est pris au projet du républicain de réformer le système public d'assurance-maladie des plus de 65 ans, Medicare.
Mais "Romney a encore une forte pente à gravir", souligne Clyde Wilcox, professeur de sciences politiques à l'université de Georgetown.
A moins de cinq semaines du scrutin, et alors que des millions d'Américains peuvent déjà voter par correspondance, il accuse un retard persistant de trois points en moyenne sur le président sortant, selon le site de référence RealClearPolitics.
Un éventuel impact de la soirée sur les sondages a été balayé par le proche conseiller d'Obama David Plouffe, immédiatement après la rencontre: "Nous nous fichons des sondages nationaux", a déclaré ce spécialiste des batailles électorales.
Seule la douzaine d'Etats clés comme l'Ohio, la Virginie et la Floride importent, rappelle-t-il, car ils tiennent à eux seuls la clé de l'élection, à cause du système de scrutin indirect. Or dans ces Etats, Barack Obama se détache plus nettement de son adversaire dans les intentions de vote, jusqu'à 5,5 points en moyenne dans l'Ohio.
La campagne Romney reconnaissait mercredi soir que le débat à lui seul ne suffirait pas à changer la donne.
"Je ne pense pas que nous verrons de changements spectaculaires", a expliqué à l'AFP Kevin Madden, proche conseiller de Mitt Romney. "Nous voyons les débats comme une conversation en quatre parties. Ce soir, c'était la première partie".
Deux autres débats présidentiels sont prévus les 16 et 22 octobre. Le vice-président Joe Biden rencontrera Paul Ryan le 11 octobre.