Mode: vive la 'récup '!

AFP

Paris - C'était une serviette d'hôpital, c'est maintenant une veste, c'était une casquette de l'armée russe, c'est désormais un sac: plus que jamais, les créateurs de mode pratiquent la récupération et le recyclage, donnant une nouvelle vie à des matériaux et des objets destinés au rebut.

Mode: vive la 'récup '!
Le phénomène n'est pas nouveau. Depuis vingt ans, le styliste Martin Margiela, notamment, réalise des pièces uniques à partir d'anciens vêtements et accessoires (gants, cravates...), ou d'objets (cartes à jouer, boule disco, sac plastique...). Ses collections, qui exigent de nombreuses heures de travail minutieux, s'adressent à une clientèle fortunée.

Selon plusieurs exposants au salon du Prêt-à-Porter qui se tient jusqu'à lundi à Paris, la "mode recyclée" intéresse un nombre croissant de consommateurs, amoureux de "vintage" (vêtements anciens), amateurs de pièces uniques, ou critiques de la société de consommation.

"C'est la façon la plus écologique de produire une collection puisqu'il n'y a pas de production, la matière première existe déjà", explique Matthew Allen, responsable du secteur "mode éthique" du salon, qui accueille 80 marques, soit quatre fois plus que lors de sa création en 2006. "Le consommateur veut avoir une conscience plus tranquille" et, par ailleurs, ces pièces "ont une histoire, sont uniques", ajoute-t-il.

Présente pour la première fois au salon, la marque finlandaise Globe Hope est une militante du recyclage. Elle récupère des serviettes ou des vêtements auprès des armées finlandaise et suédoise, des hôpitaux, des entreprises en bâtiment. Elle récupère aussi de vieux rideaux, des nappes ou des dessus de lit pour en faire des doublures, des tuniques et des robes au charme "vintage".

Un ancien sac de couchage militaire devient une parka, une robe d'été se découpe dans la toile d'un parachute, une serviette éponge d'un hôpital se métamorphose en veste, un uniforme de chirurgien donne naissance à un blouson, la chemise d'un ouvrier se transforme en jupe.

L'objectif est de "faire quelque chose d'utile tout en faisant de la mode. Chaque pièce est unique", explique Saija Heinonen, représentante de la marque en France. Les vêtements et textiles d'origine sont parfois usagés, parfois neufs, mais dans tous les cas, "ils auraient été jetés", souligne-t-elle.

La Brésilienne Eliza Gabriel récupère des chutes de tissu qu'une dizaine de personnes assemble au Brésil pour créer des broches, des sacs, des tapis... "C'est moins cher" que du tissu neuf mais l'idée est surtout de "redonner une nouvelle vie", dit-elle. "Je voyais tout ce gâchis de tissu (...) c'est quelque chose d'idéologique", affirme-t-elle.

Pour la Hollandaise Frida Badoux, la "récup" permet de donner libre cours à son sens de l'humour et à son envie de "détruire l'autorité". Elle transforme des casquettes de militaires et de policiers en sacs à main qui portent parfois encore à l'intérieur le nom de leur ancien propriétaire.

Les bijoux n'échappent pas à la vague du recyclage. La marque Cruselita, présente au salon du bijou Eclat de mode, propose pour la première fois "une gamme recyclage" --des colliers, bracelets et boucles d'oreille réalisés avec des emballages métalliques. Ils sont fabriqués "en partenariat de longue durée avec des artisans de Madagascar", dans "un esprit de développement durable", affirme Julie Gallet, assistante commerciale.

Selon Allen, le recyclage a de beaux jours devant lui. "Je suis sûr que des créateurs vont recycler la mode pas chère comme H&M ou Pimkie", dit-il. "Ce serait logique, il y a un tas de matière première", ajoute-t-il.


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