Moscou somme Ankara de s'expliquer sur l'interception d'un avion syrien

AFP

Moscou - La Russie a exigé jeudi des explications de la Turquie après l'interception la veille au soir d'un avion de ligne syrien Moscou-Damas forcé de se poser à Ankara pour vérifier une "cargaison suspecte", la Syrie accusant de son côté son voisin turc de "comportement hostile".

Moscou somme Ankara de s'expliquer sur l'interception d'un avion syrien
"La partie russe exige des autorités turques des explications sur la justification de tels actes à l'égard de citoyens russes", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, accusant Ankara d'avoir "mis en danger les passagers" parmi lesquels se trouvaient 17 Russes.

Les autorités turques ont en outre "refusé de laisser les diplomates (russes) se rendre auprès de nos concitoyens, qui sont restés confinés huit heures dans l'aéroport", ajoute le ministère, reprochant à Ankara d'avoir "violé la convention consulaire bilatérale".

La Syrie a de son côté accusé la Turquie de comportement "hostile".

L'interception de l'avion syrien par des chasseurs turcs est "un signe supplémentaire de la politique hostile menée par le gouvernement Erdogan qui abrite (les rebelles) et bombarde le territoire syrien", selon un communiqué du ministère syrien des Affaires étrangères.

Les relations entre les deux pays se sont nettement détériorées après des tirs syriens meurtriers sur un village frontalier turc le 3 octobre.

La compagnie aérienne nationale syrienne Syrian Air a elle accusé les autorités turques d'avoir "agressé l'équipage avant d'autoriser l'avion à décoller de l'aéroport d'Ankara".

Le ton monte également entre la Russie et la Turquie, le président Vladimir Poutine ayant repoussé à une date indéterminée sa visite prévue à Ankara.

"La visite a été repoussée, nous conviendrons des dates ultérieurement", a déclaré son porte-parole Dmitri Peskov, sans préciser les raisons de cette décision ni la date initialement convenue pour la visite.

La presse russe faisait état jeudi d'une visite prévue lundi prochain, qui aurait été annulée avant même l'interception du vol Moscou-Damas par les forces aériennes turques.

L'appareil syrien, un Airbus A-320 parti de Moscou à destination de Damas, a été escorté mercredi soir par deux avions F4 de l'armée de l'air turque puis forcé d'atterrir à l'aéroport d'Ankara-Esenboga pour des contrôles de sécurité.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a fait état mercredi soir de la présence d'une "cargaison illégale" et d'"éléments à bord qu'on peut qualifier de douteux".

Selon des médias turcs, il pourrait s'agir de pièces de missile ou de matériel de communication destinés au régime de Bachar al-Assad, dont Moscou est l'un des plus fidèles alliés depuis le début de la révolte en Syrie en mars 2011.

D'après une source anonyme dans les services d'exportation d'armes russes, cité par l'agence Interfax, "il n'y avait "ni armes ni composants pour des armements" à bord de l'avion syrien reparti pour Damas.

"S'il avait fallu livrer à la Syrie des équipements militaires ou des armes, cela aurait été fait en bonne et due forme, et non pas par une voie illégale, d'autant plus avec des civils à bord de l'appareil", a ajouté cette source, soulignant que Moscou n'avait pas suspendu sa coopération militaire avec la Syrie.

La Russie a bloqué jusqu'ici, avec l'aide de la Chine, toute résolution ouvrant la porte à des mesures contraignantes pour le régime syrien au Conseil de sécurité de l'ONU, où les deux pays disposent d'un droit de veto en qualité de membre permanent.

Moscou est critiquée par ses alliés occidentaux et la Turquie qui lui demandent de cesser de livrer des armements à la Syrie, l'un de ses principaux clients dans le domaine militaire, en dépit de l'aggravation du conflit dans ce pays.


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