"My little princess", récit de l'enfance volée d'Eva Ionesco avec Huppert
AFP
Paris - Eva Ionesco a posé nue en femme fatale dès quatre ans pour sa mère photographe, Irina : elle raconte cette histoire dans son premier long métrage, "My little princess" (sortie mercredi), avec Isabelle Huppert dans le rôle de l'artiste foldingue et toxique.

Son film avait été présenté au dernier festival de Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique.
A l'écran, c'est un trio de femmes infernal. La petite Violetta, interprétée par la ravissante Anamaria Vartolomei, sa mère instable et la grand-mère roumaine, tendre mais dépassée, qui prie Dieu tous les soirs pour qu'il prenne soin de ses enfants, "surtout Violetta".
Au début du film, la mère absente et insaisissable fait de brèves apparitions, toujours un cadeau sous le bras. Quand elle montre son studio de photo à sa fille et qu'elle lui demande de poser, son univers bascule. Grimée en séductrice à voilette, boa et porte-jarretelles, la gamine vieillit instantanément.
Rapidement, sa mère expose les photos érotiques de Violetta. Et elle emmène sa fille maquillée à outrance dans des pince-fesses au milieu d'adultes qui jettent sur elle plus d'un regard lubrique, la font boire ou fumer de la drogue. Isolée à l'école, moquée par ses camarades, Violetta se rebelle avec violence.
"J'ai toujours eu envie d'écrire sur cette matière un peu douloureuse pour moi", dit Eva Ionesco, qui a rédigé le scénario il y a une dizaine d'années avant de pouvoir financer son projet.
Mais "écrire sur une matière intime, très proche, ne donne pas beaucoup de liberté contrairement à ce que l'on croit", reconnaît-elle.
La réalisatrice a tenté de prendre du recul, en évitant notamment l'introspection psychologique. "La distance, je l'ai mise là où se situe ma blessure personnelle", dit-elle.
Connue dans le monde entier, icône du milieu de la mode, Irina Ionesco avait accédé rapidement à la notoriété dans les années 1970, notamment grâce à ses clichés érotiques de sa fille Eva, photographiée entre quatre et onze ans.
Ces photos continuent de faire débat au sein de la blogosphère. "C'était une autre époque", a expliqué l'an dernier la photographe à l'AFP, qui avait elle-même été abandonnée à l'âge de quatre ans, avant d'être envoyée en Roumanie pour y être élevée dans le monde du cirque par sa grand-mère et ses oncles.