Nelson Mandela toujours dans un état grave à son cinquième jour d'hôpital
AFP
Johannesburg - L'ex-président sud-africain Nelson Mandela a passé une cinquième nuit dans un hôpital de Pretoria où il toujours traité dans un état grave pour une infection pulmonaire, après avoir reçu dans la journée la visite de ses proches.
"Je n'ai pas encore eu de nouvelles, le bulletin d'hier est toujours valable", a indiqué à l'AFP mercredi matin le porte-parole de la présidence Mac Maharaj.
Selon les rares nouvelles données par les autorités sud-africaines depuis l'hospitalisation du héros national samedi matin --y compris dans ce bulletin de mardi auquel M. Maharaj fait allusion--, son état est "grave", mais "stable". Avec quelques variantes dans les termes utilisés, qui ne changent pas grand chose sur le fond: "inchangé", et aussi "stabilisé" selon le président Jacob Zuma.
Lors des dernières hospitalisations de Mandela --il y en a déjà eu trois depuis décembre--, la présidence sud-africaine avait rapidement précisé qu'il réagissait bien au traitement. Rien de tel cette fois-ci.
L'ambiance est donc plutôt au pessimisme en Afrique du Sud. Même l'archevêque anglican Desmond Tutu, qui reçut comme Mandela le prix Nobel de la paix pour son combat contre l'apartheid, prie maintenant pour le "confort" de son ami. Et pas pour sa guérison.
Seul le président Jacob Zuma, qui a quitté la capitale pour un discours budgétaire devant le Parlement au Cap, s'est voulu plus rassurant mardi soir dans une interview à la télévision publique SABC. "Je suis sûr, le connaissant, que c'est un bon combattant et qu'il sera avec nous très bientôt", a déclaré M. Zuma dans la version intégrale de cette interview, dont l'AFP a obtenu une copie. Cet extrait n'a bizarrement pas été diffusé dans les journaux de la SABC.
"J'ai confiance: ils savent ce qu'ils font, et ils font un très bon travail", a-t-il dit mardi soir de l'équipe médicale soignant son illustre prédécesseur. "C'est très grave, mais ça s'est stabilisé", a-t-il ajouté, l'air détendu.
Alors que la nuit a été, selon un journaliste de l'AFP présent sur place, très calme aux abords du Mediclinic Heart Hospital de Pretoria où a été admis le héros de la lutte anti-apartheid, ses proches s'étaient succédé pour lui rendre visite mardi.
L'ex-femme de Mandela, l'ancienne égérie de la lutte anti-apartheid Winnie, est venue, de même que ses trois filles encore en vie. Y compris Zenani, l'ambassadrice d'Afrique du Sud en Argentine revenue exprès de Buenos Aires.
Son épouse depuis 1998, Graça Machel, serait à son chevet depuis samedi, selon des médias
sud-africains. La famille devrait bientôt s'exprimer, a rapporté mercredi le quotidien The New Age, proche du pouvoir.
Balcons loués à la presse
L'entrée de l'hôpital est gardée par la police, tandis que des journalistes venus du monde entier campent aux abords. L'Association de la presse étrangère en Afrique du Sud a même demandé aux autorités qu'elles leur installent des toilettes mobiles et qu'elles leur fournissent de l'eau.
Les balcons des appartements voisins ont été loués à des médias étrangers, selon la SABC.
Le premier président noir qu'a connu l'Afrique du Sud doit fêter ses 95 ans le 18 juillet, une journée désormais reconnue par l'ONU pendant laquelle les citoyens du monde sont appelés à faire une bonne action en son honneur.
Ses problèmes pulmonaires à répétition sont probablement liées aux séquelles d'une tuberculose contractée pendant son séjour sur l'île-prison de Robben Island, au large du Cap, où il a passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime raciste de l'apartheid.
Libéré en 1990, il a reçu en 1993 le prix Nobel de la paix pour avoir su mener à bien les négociations en vue d'installer une démocratie multiraciale en Afrique du Sud, conjointement avec le dernier président du régime de l'apartheid, Frederik de Klerk.
Mandela a été de 1994 à 1999 le premier président noir de son pays, un dirigeant de consensus qui a su gagner le coeur de la minorité blanche dont il avait combattu la mainmise sur le pouvoir.
Sa santé devenant de plus en plus fragile, il vit complètement retiré depuis plusieurs années et n'est plus apparu en public depuis la finale de la Coupe du monde de football, en juillet 2010 à Johannesburg.
La SABC avait diffusé le 29 avril des images tournées à l'occasion d'une visite des dirigeants de l'ANC --le parti au pouvoir-- le montrant très affaibli, semblant totalement étranger à la joyeuse agitation autour de lui. Les critiques avaient été nombreuses, certains évoquant une "visite au zoo".