Netanyahu à l'ONU pour pourfendre un Iran nucléaire
AFP
Jerusalem - Benjamin Netanyahu va réitérer ses mises en garde contre un Iran nucléaire devant l'ONU, jeudi à New York, sur fond de frictions avec l'allié américain qui refuse d'imposer à Téhéran les "lignes rouges" qu'exige le Premier ministre israélien.
Dans l'entourage du Premier ministre, on espère que son discours conduira à "une détermination internationale accrue" pour empêcher le régime de Téhéran d'acquérir une capacité nucléaire militaire.
Depuis son accession au pouvoir en mars 2009, M. Netanyahu a placé "la menace iranienne" au coeur de sa politique étrangère et n'a cessé de la brandir auprès de l'opinion israélienne et internationale.
Israël, considéré comme l'unique détenteur de l'arme nucléaire dans la région, et les grandes puissances soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que Téhéran nie catégoriquement.
Le chef du gouvernement israélien, qui agite l'option militaire, estime que les sanctions internationales n'ont jusqu'ici "pas détourné d'un iota" les dirigeants iraniens de leurs ambitions nucléaires.
Il a affirmé récemment à des télévisions américaines que l'Iran aura franchi d'ici un semestre "90% du chemin" à parcourir pour disposer de la quantité d'uranium enrichi nécessaire à une bombe atomique.
Ces dernières semaines, M. Netanyahu a haussé le ton en réclamant avec insistance à l'administration Obama de fixer à l'Iran "des lignes rouges claires" à ne pas franchir dans son programme nucléaire sous peine de s'exposer à une attaque militaire.
Mais il s'est heurté à des fins de non-recevoir répétées et sans équivoque de Washington, la dernière dimanche quand le président Barack Obama a qualifié de "bruit" les appels d'Israël à dicter des ultimatums à l'Iran.
- Crise diplomatique -
Si M. Obama dit comprendre les inquiétudes d'Israël et vouloir faire en sorte que l'Iran n'accède pas à l'arme nucléaire --il l'a répété mardi à l'ONU--, il privilégie pour l'heure la diplomatie et un renforcement des sanctions économiques frappant déjà l'Iran.
Ces divergences, exprimées au grand jour, ont déclenché une vive crise diplomatique entre l'Etat hébreu et son partenaire américain.
M. Netanyahu a même été accusé par les médias israéliens de s'immiscer dans la campagne présidentielle américaine en faveur du républicain Mitt Romney, avec qui il partage des affinités idéologiques.
La Maison Blanche a fait savoir que MM. Obama et Netanyahu ne se verraient pas lors de l'Assemblée générale de l'ONU en raison d'une "incompatibilité" de leurs agendas.
Durant sa visite de trois jours à New York, le Premier ministre israélien aura en revanche des entretiens avec la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et son homologue conservateur canadien Stephen Harper, devenu le premier allié d'Israël sur la scène internationale.
Sur le fond, les deux pays restent néanmoins "unis" sur le dossier nucléaire iranien, assurent officiels et analystes.
"Foncièrement, tous deux sont d'accord, non seulement sur le danger de l'Iran, mais aussi sur leur détermination à empêcher ce pays d'accéder à la bombe", souligne Zalman Shoval, ancien ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis.
Selon lui, M. Netanyahu devrait profiter de la tribune des Nations unies pour expliquer que ses divergences avec les Américains "portent sur des détails et non sur le fond".
"Si Netanyahu parvient à exposer clairement les positions israéliennes sur les principaux problèmes, et il en est parfaitement capable, ce sera un succès", a expliqué lundi aux journalistes le vice-Premier ministre Dan Méridor, chargé des services de renseignements.