Nicolas Sarkozy plaide pour les énergies renouvelables
Reuters
Penser que la France pouvait ne pas développer les énergies renouvelables parce qu'elle était leader mondial dans l'énergie nucléaire était une "erreur", a déclaré mardi Nicolas Sarkozy, qui s'est de nouveau présenté en champion du développement durable.
Nicolas Sarkozy
C'est la première fois que le président français, qui n'a eu de cesse de militer depuis deux ans, en France et à l'étranger, pour l'exportation du savoir-faire français dans l'atome civil, va aussi loin dans la main tendue aux antinucléaires.
Le chef de l'Etat s'exprimait lors d'une table ronde organisée sur le campus scientifique de l'Université de Savoie sur le thème du développement des énergies renouvelables, en présence d'un millier de représentants des secteurs concernés.
La date de ce déplacement, qui coïncide avec le début, mercredi, de l'examen en deuxième lecture par les députés du projet de loi sur l'application des mesures du "Grenelle de l'environnement", avait été fixée avant les européennes.
Le calendrier a cependant bien fait les choses.
Nicolas Sarkozy a certes imputé collectivement aux gouvernements de droite et de gauche qui se sont succédé ces cinq dernières décennies en France le retard français dans le domaine des énergies renouvelables.
"Nous avons tous commis une erreur collective", a-t-il dit. "La France, en tête de tous les pays sur l'énergie nucléaire, pensait ne pas avoir besoin des énergies renouvelables."
Pas question de revenir sur le choix fait dans les années 1960 de doter la France d'une puissante industrie nucléaire, a dit Nicolas Sarkozy. Mais il a promis de prendre pour les énergies renouvelables des décisions "aussi importantes" que celles prises à l'époque par le général de Gaulle pour l'atome.
LE TEMPS DE RÉFLÉCHIR
"Nous allons devenir leader dans les énergies renouvelables au même titre que nous sommes leader dans les énergies nucléaires", a-t-il dit en précisant que la France dépenserait autant pour la recherche sur les technologies propres et sur la prévention des atteintes à l'environnement.
La France s'est d'ores et déjà engagée à porter à 23% la part des énergies renouvelables dans sa consommation énergétique en 2020, contre environ 10% aujourd'hui.
"C'est de mon point de vue un minimum", a souligné Nicolas Sarkozy pour qui c'est là une "bataille historique."
Il a laissé entendre qu'il n'avait pas attendu la percée électorale des Verts pour prendre le virage du développement durable : "J'ai fait campagne sur ce thème", a-t-il dit. "Nous avons inventé le Grenelle de l'environnement (...) Nous l'avons fait avant la crise (économique) mais la crise ne fait que renforcer ce que nous avons décidé dès 2007."
Il a assuré que toutes les mesures décidées dans le cadre du Grenelle de l'environnement seraient votées d'ici fin 2009.
A six mois du sommet de Copenhague, qui doit conclure les négociations sur les suites à donner au protocole de Kyoto sur la lutte contre le réchauffement climatique, il a confirmé que la France serait en pointe dans ce débat international.
"Il va y avoir deux théories qui vont s'opposer (...) entre ceux qui penseront que la crise est une parenthèse (...) et ceux, et la France prendra la tête de ceux-là, qui pensent qu'il y a des leçons à tirer de cette crise", a-t-il dit.
Il a dit au passage ne pas comprendre le début de polémique suscitée par la diffusion sur France 2 du film "Home" de Yann Arthus-Bertrand sur les effets du réchauffement climatique, deux jours avant les élections européennes.
Le MoDem, de François Bayrou, et le Front national, de Jean-Marie Le Pen, deux des grands perdants de ce scrutin, ont estimé que la diffusion de ce film le 5 juin sur une chaîne publique avait favorisé le vote écologiste à leurs dépens.
Nicolas Sarkozy a pour sa part estimé que le service public de la télévision s'était "grandi" en diffusant ce film.