Nucléaire: à Moscou, les grandes puissances et l'Iran tentent de sortir de l'impasse
AFP
Moscou - Les grandes puissances cherchaient mardi à faire céder l'Iran sur son programme nucléaire au deuxième jour de pourparlers difficiles à Moscou visant à sortir de dix ans d'impasse et débloquer la crise dans l'imminence d'un embargo pétrolier visant Téhéran.
En début d'après midi, M. Riabkov a rencontré le principal négociateur iranien Saïd Jalili dans sa chambre, a indiqué un diplomate iranien à des journalistes.
Une source diplomatique iranienne citée par l'agence Irna a fait de son côté état de "difficultés" dans les négociations.
"Les difficultés dans les discussions et l'explication détaillée de l'Iran concernant sa position (...) sont la raison principale pour laquelle le groupe 5+1 veut plus de temps pour répondre aux propositions iraniennes", a-t-il souligné.
Que va décider le 5+1?
Les négociateurs du groupe "5+1" (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, plus l'Allemagne) ont demandé à l'Iran, soupçonné par les grandes puissances et Israël de vouloir se doter de l'arme atomique, de réduire considérablement le niveau d'enrichissement d'uranium qui est actuellement à 20%.
Les Iraniens insistent pour leur part sur leur droit "absolu" à l'enrichissement d'uranium et le négociateur en chef iranien, Saïd Jalili, a répondu avec un plan en cinq points exposant les demandes iraniennes.
"Ils (5+1) sont aujourd'hui à la croisée des chemins. L'un mène à la sortie de dix ans d'impasse autour du programme nucléaire iranien. S'ils le choisissent, l'Iran est prêt à prendre des mesures constructives", a déclaré à la presse un membre de la délégation iranienne.
"Mais s'ils choisissent le vieux chemin, il n'y aura pas de progrès possible", a ajouté ce responsable sous couvert d'anonymat.
Selon la délégation européenne, les grandes puissances maintiennent leurs exigences à l'égard de l'Iran : arrêter l'enrichissement d'uranium à 20% et échanger le stock d'uranium enrichi à 20% contre du combustible nucléaire dont Téhéran a besoin.
"Notre priorité consiste à ce que les Iraniens abordent la question des 20%", qui rapproche l'Iran du niveau d'enrichissement nécessaire à la fabrication de la bombe atomique (90%), a déclaré lundi soir le porte-parole de la délégation européenne, Michael Mann.
Griefs de l'Iran
En contrepartie, les 5+1 proposent un allègement des sanctions internationales - six résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU dont quatre assorties de sanctions économiques - ainsi qu'une coopération dans plusieurs domaines nucléaires civils.
La République islamique a pour sa part "posé nombre de questions et exposé des positions bien connues, y compris des griefs du passé", a souligné M. Mann.
Au cours des deux précédents cycles de négociations, à Istanbul en avril, puis en mai à Bagdad, les parties s'étaient séparées sur un constat de divergences.
Un échec des négociations pourrait être lourd de conséquences dans la mesure où les Etats-Unis et l'Etat hébreu ont recommencé à évoquer l'éventualité d'une option militaire pour bloquer le programme nucléaire iranien, sur fond de menaces de nouvelles sanctions.
Les pourparlers de Moscou interviennent avant l'entrée en vigueur le 1er juillet d'un embargo pétrolier de l'Union européenne contre l'Iran, et du renforcement des sanctions des Etats-Unis, avec des restrictions imposées aux pays achetant du pétrole iranien.