Pakistan: attentat suicide dans une mosquée, plus de 40 morts
AFP
Peshawar (Pakistan) - Plus de 40 fidèles en pleine prière ont été tués vendredi par la bombe d'un kamikaze dans une mosquée du nord-ouest du Pakistan, pays ensanglanté par les attentats des talibans alliés à Al-Qaïda qui ont fait près de 3.800 morts ces trois dernières années.
"Plus de 40 personnes ont péri", a déclaré Shahid Ullah, un haut responsable de l'administration locale, qui redoute un bilan encore plus lourd.
"Plus de 70 personnes sont blessées, la plupart dans un état critique", a-t-il expliqué.
"Plus de cent fidèles priaient dans la mosquée, le toit principal s'est effondré et il y a des gens coincés sous les décombres", a précisé unautre responsable de l'administration.
Près de 3.800 personnes ont été tuées depuis l'été 2007 dans tout le pays dans une vague de plus de 400 attentats et attaques --essentiellement suicide-- perpétrés par les talibans pakistanais qui ont fait allégeance à Al-Qaïda et par des groupes alliés.
L'attentat de vendredi a été perpétré dans le district de Darra Adam Khel, où une opération militaire était en cours contre les insurgés extrémistes. "Nous nous attendions à de telles attaques", a ajouté M. Umarzaï.
Les kamikazes visent d'ordinaire principalement les bâtiments officiels et les forces de sécurité mais, ces derniers mois, ils s'en prennent de plus en plus souvent aux civils, y compris dans des lieux saints, notamment des obédiences minoritaire de l'islam au Pakistan, comme les chiites et les soufis, considérés comme hérétiques par les talibans, sunnites radicaux.
Le 3 septembre, près de 60 personnes avaient été tuées et plus de 200 blessées dans un attentat suicide visant un rassemblement chiite à Quetta (sud-ouest).
Le 2 juillet, un double attentat suicide avait fait 42 morts dans le mausolée d'un saint soufi bondé de pèlerins à Lahore. Et le 7 octobre, neuf personnes ont péri également dans un double attentat suicide dans un mausolée soufi à Karachi, dans le sud.
Les talibans, qui ont fait allégeance à Al-Qaïda, ont décrété à l'été 2007 le jihad à Islamabad pour son soutien à la "guerre contre le terrorisme" de Washington.
Leur fief, les zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan, sont devenues le principal sanctuaire dans le monde des cadres et combattants d'Al-Qaïda, mais aussi la base arrière des talibans afghans.
Les drones de la CIA y tirent quasi-quotidiennement des missiles pour tenter de tuer des responsables du réseau de Oussama ben Laden et des talibans afghans et pakistanais.
L'armée pakistanaise a perdu plus de 2.400 hommes dans les zones tribales depuis fin 2001 quand Islamabad s'est allié aux Etats-Unis pour pourchasser les responsables des attentats du 11 septembre. Mais le Pakistan est soupçonné par certains responsables américains de ne pas faire assez pour tenter d'éliminer Al-Qaïda et certains talibans afghans.
Les offensives de l'armée dans les zones tribales ont cependant toujours déclenché un regain des attentats qui ensanglantent le Pakistan, dont la population et les forces de sécurité payent ainsi un très lourd tribut à la "guerre contre le terrorisme" de Washington.
Ces dernières années, l'anti-américanisme a explosé au sein de la population de quelque 170 millions d'habitants de la République Islamique du Pakistan.