Palestine à l'ONU: Israël va construire dans les colonies en représailles
AFP
Jerusalem - Israël a annoncé vendredi son intention de construire 3.000 logements dans des colonies en représailles à l'accession de la Palestine au statut d'Etat observateur à l'ONU, l'Américaine Hillary Clinton condamnant un projet israélien qui fait "reculer la cause de la paix".
Un haut responsable israélien a confirmé à l'AFP une information du correspondant diplomatique du quotidien Haaretz faisant état de l'intention du gouvernement de construire 3.000 logements dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est occupée et annexée et en Cisjordanie.
"Malgré les gages qu'il a donnés au président (américain Barack) Obama, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a donné l'ordre de continuer les constructions dans la zone E1 entre Maalé Adoumim et Jérusalem", avait écrit le journaliste sur son compte Twitter @BarakRavid.
Gelé depuis des années sous pression américaine, ce projet controversé vise à rattacher la colonie de Maalé Adoumim, en Cisjordanie, à des quartiers de colonisation de Jérusalem-Est.
Il est vivement dénoncé par les Palestiniens, car il couperait pratiquement en deux la Cisjordanie, compromettant la viabilité d'un Etat palestinien.
La chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a condamné vendredi soir le projet israélien estimant qu'il "faisait reculer la cause d'une paix négociée" avec les Palestiniens.
La Maison Blanche a évoqué des "actions (...) contreproductives" qui "rendent plus difficile la reprise des négociations directes ou la possibilité de parvenir à une solution à deux Etats", selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Tommy Vietor.
La porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a lié le projet israélien directement au vote jeudi à l'ONU qui a érigé la Palestine au statut d'"Etat non membre". "Avec ce qui s'est passé à New York, il y avait un risque qu'une action provoque une réaction", a-t-elle dit.
Une membre du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hanane Achraoui, a aussi dénoncé cette annonce. "Le monde doit prendre ses responsabilités", a-t-elle dit.
A New York, le président Abbas s'est dit prêt à revenir à la table des négociations mais a appelé Israël à stopper la colonisation.
"Nous ne posons pas de condition (à un retour aux négociations) mais il existe pas moins de 15 résolutions de l'ONU qui considèrent la colonisation comme illégale et comme un obstacle à la paix qu'il faut éliminer. Pourquoi ils (les Israéliens) n'arrêtent pas la colonisation?", a-t-il déclaré à des journalistes.
"Est-ce que les voisins israéliens sont prêts (aux négociations)? La balle est dans leur camp et dans celui des Américains, mais ils vont prétexter les élections" israéliennes du 22 janvier pour éviter la discussion, a-t-il ajouté.
"Droit de saisir la CPI"
La Palestine ayant désormais accédé au statut d'"État non membre", elle pourrait, théoriquement, ratifier le Statut de Rome et saisir la Cour pénale internationale (CPI).
"Nous avons désormais le droit de saisir la CPI mais nous n'allons pas le faire maintenant et ne le ferons pas, sauf en cas d'agression" israélienne, a déclaré vendredi M. Abbas.
M. Netanyahu a dénoncé le vote de l'Assemblée générale et fustigé le discours jeudi du président palestinien, lui reprochant de ne "pas s'exprimer comme un homme épris de paix".
Mais l'opposition israélienne a accusé le chef du gouvernement, grand favori aux élections du 22 janvier, de n'avoir pas su dissuader les Palestiniens de leur projet.
"Israël a perdu aujourd'hui, avec la reconnaissance à l'ONU, toutes les réalisations que nous avions obtenues par les négociations", a déploré l'ancienne ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, qui a lancé cette semaine un parti centriste.
Alors que des responsables israéliens laissaient entendre ces derniers jours qu'Israël ne remettrait pas en cause les accords signés pour sanctionner la démarche palestinienne, le vice-Premier ministre Sylvan Shalom a de nouveau fait planer cette menace vendredi.
M. Shalom a accusé Mahmoud Abbas d"'initiative unilatérale contraire aux accords d'Oslo".
"Nous réagirons en temps voulu", a renchéri le ministre des Affaires stratégiques Moshé Yaalon.