Panahi en novembre: mon emprisonnement "symbolise le rapt du pouvoir contre les artistes"

AFP

Paris - Le cinéaste iranien Jafar Panahi, condamné à six ans de prison pour "propagande contre le régime", estime que son emprisonnement "symbolise le rapt du pouvoir contre l'ensemble des artistes du pays", selon le texte de son plaidoyer lors de son procès, publié mardi par Le Monde.

Jafar Panahi
Jafar Panahi
"Le raid effectué chez moi, mon emprisonnement et celui de mes collaborateurs symbolisent le rapt du pouvoir effectué contre l'ensemble des artistes du pays", plaidait-il lors de son procès le 7 novembre, selon un verbatim publié par le quotidien français.

"Nous juger serait juger l'ensemble du cinéma engagé, social et humanitaire iranien", ajoutait-il.

"Nous avons été frappés par la censure mais c'est une première que de condamner et d'emprisonner un cinéaste pour l'empêcher de faire son film", poursuivait le cinéaste à qui la justice iranienne a aussi interdit de réaliser des films ou de quitter le pays pendant les 20 prochaines années.

Agé de 50 ans, Jafar Panahi, l'un des cinéastes de la "nouvelle vague" iranienne les plus connus à l'étranger, a été condamné à six ans de prison "pour participation à des rassemblements et pour propagande contre le régime", a annoncé lundi son avocate.

Sa condamnation a suscité la protestation du monde du cinéma et des intellectuels français. Les ministres français des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie et de la Culture, Frédéric Mitterrand, ont exprimé leur "indignation".

Proche de l'opposition iranienne, Jafar Panahi avait déjà été arrêté le 1er mars à son domicile de Téhéran avant d'être libéré fin mai après le versement d'une caution.

Le ministère iranien de la Culture avait affirmé en avril que son arrestation était liée au fait que le metteur en scène "préparait un film contre le régime" portant sur les manifestations ayant suivi la réélection contestée de M. Ahmadinejad en juin 2009, ce que M. Panahi a démenti.

Connu pour ses critiques sociales grinçantes, il a reçu le Lion d'or à la Mostra de Venise en 2000 pour "Le cercle" et l'Ours d'argent à la Berlinale en 2006 pour "Hors-jeu".

Il a aussi été primé deux fois à Cannes ("Le ballon blanc", Prix de la Caméra d'or 1995, et l'"Or pourpre", Prix du Jury-Un Certain Regard en 2000) où son siège de juré avait été symboliquement laissé vide lors de la cérémonie d'ouverture du festival en mai dernier.


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