Pâques : Du chocolat en moins mais plus haut de gamme dans les jardins
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Cloches, œufs, lapins et autres figurines en chocolat vendus à Pâques dans les grandes surfaces ont de moins en moins la cote auprès des Français qui, malgré la crise, semblent plus apprécier les produits haut de gamme des artisans-chocolatiers.
À Pâques, les ventes de chocolat sont passées de 14.400 tonnes en 2006 à 12.700 tonnes deux ans plus tard, alors que celles de Noël ont reculé à 33.700 tonnes contre 35.300 tonnes. Cette année, la consommation de Pâques devrait encore baisser à 12.500 tonnes, prédit Florence Pradier, secrétaire générale du syndicat. Imputant ce recul à la crise, elle souligne que depuis fin 2008, les Français achètent davantage de chocolat haut de gamme que bas de gamme. Le groupe Mars, deuxième groupe chocolatier en France, qui distribue les boîtes chocolats miniatures Célébrations très prisées à Noël et à Pâques, vient d'annoncer que ses ventes ont chuté de 10 % depuis janvier. "Pâques, c'est comme Noël, une fête pour les enfants, ce qui nous laisse espérer que les consommateurs auront une attitude de consommation moins prudente", selon Thierry Desouches, porte-parole de Système U.
"Chez nous, c'est pas la folie " (Jean-Paul Hevin)
Les artisans-chocolatiers, 15 % du marché, se montrent plus optimistes. En défendant une production de qualité, ils se disent moins touchés par la crise, une tendance que confirme le Club des croqueurs de chocolat, qui rassemble des dégustateurs. "Les artisans ont un réel souci de qualité et comme ils serrent les prix au maximum, les gens préfèrent acheter aujourd'hui ce type de chocolat", affirme Jacques Pessis, président de ce groupe d'amateurs. "On ose à peine le dire mais nos ventes sont en augmentation", assure pour sa part Fabrice Gillotte, fameux chocolatier à Dijon et ancien meilleur ouvrier de France. Il vient de refaire à neuf sa boutique du centre-ville.
"Les gens se font peut-être encore plaisir avec un produit qui leur apporte du réconfort", estime cet artisan, encore primé au dernier salon du chocolat. Selon lui, l'important est de rester "créatif" et d'offrir une large gamme de prix pour satisfaire toutes les bourses. Albert Chocolatier, qui vend dans son magasin aux Herbiers (Vendée) et sur Internet, constate des ventes en augmentation auprès des particuliers, mais des professionnels plus réticents. "Boulangers et pâtissiers hésitent à commander de peur de ne pas tout vendre", reconnaît Dominique Billaud, responsable clientèle. Autre bémol, celui de Jean-Paul Hevin. "Chez nous, c'est pas la folie", admet le médiatique "Maître chocolatier". Mais, selon lui, la raison de cette "petite faiblesse" tient surtout à la concurrence de jeunes chocolatiers de plus en plus nombreux à s'installer sur Paris.