Pascal Nègre passe l'industrie musicale au crible dans "Sans contrefaçon"
AFP
Paris - Téléchargement illégal, "affaire Johnny Hallyday", rôle des maisons de disque: Pascal Nègre, président d'Universal Music France, livre sa vérité sur plusieurs dossiers épineux de cette industrie à part dans son livre "Sans contrefaçon" (Fayard), disponible mercredi.

Pascal Nègre
Au contraire, Pascal Nègre tente d'analyser "sans faux semblants" l'évolution du secteur, depuis ses débuts comme animateur sur Radio Boucle, petite station de l'Ouest de Paris au début des années 1980, jusqu'à la tête d'Universal Music France, leader du marché national.
L'un de ses thèmes de prédilection: le métier des maisons de disque, puisqu'il s'applique à plusieurs reprises à rappeler que ce sont elles qui produisent les artistes.
"Jusqu'à présent, on n'a jamais vu un succès d'artiste sans producteur - oui, vous pouvez chercher", assène-t-il.
Souhaitant mettre à mal les "fantasmes" qui entourent le fonctionnement d'une maison de disque, il expose l'exemple d'un artiste connu, dont il ne cite pas le nom mais ayant "déjà fait des tubes": cet artiste a des revenus qui n'ont rien de "mirifiques", même lorsqu'il est couronné d'un disque d'or (45.000 albums en ventes physiques, 10.000 albums et 50.000 singles en ventes numériques).
"Avec les versements de la Sacem, cet album lui rapportera environ 50.000 euros. Mais puisqu'il ne sort pas un album chaque année, cette somme s'étale sur au moins deux ans, ce qui ne lui rapporte pas beaucoup plus de 2.000 euros par mois avant impôts", détaille Pascal Nègre.
"Economiquement, il appartient à la classe moyenne et vit dans le même appartement qu'un cadre. Mais il ne peut pas sortir dans la rue sans qu'on le reconnaisse", poursuit-il.
Concernant le piratage, s'il se félicite de la mise en place de la Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi), l'organisme chargé de mettre en oeuvre la riposte graduée, il concède que "faire reculer le téléchargement illégal n'est pas tout".
"Il faut développer l'offre légale et toutes les formes de commerce numérique de la musique", avance-t-il.
Pascal Nègre évoque aussi "l'affaire Hallyday", lorsque le rockeur a souhaité quitter Universal en 2004.
Du procès en lui-même, il parle peu, mais il ne se prive pas d'égratiner l'entourage des artistes qui attaquent leur maison de disque: "Il y a plusieurs raisons pour lesquelles un artiste peut remettre en question sa carrière, ses projets et même ses contrats. (...) Et dans ces moments-là, il se trouve souvent un avocat, un comptable, un bon copain ou un proche pour lui dire: +On t'exploite, fais-leur un procès+."
Malgré cela, il se montre élogieux vis-à-vis du rockeur, disant notamment de lui qu'il est "extraordinairement attachant" et qu'il l'"adore".
Le livre est vendu avec un marque-page sur lequel figure un code permettant de se connecter au site privé de Pascal Nègre, afin de dialoguer avec lui.
("Sans contrefaçon" - Pascal Nègre avec la collaboration de Bertrand Dicale - Editions Fayard - 288 p. - 19 euros, en librairie le 3 novembre)