Pierre Assouline : Les invités
canoe.ca/Véronique Beaudet
« Un dîner à Paris est en soi une comédie française », écrit Pierre Assouline dans Les invités. À elle seule, cette phrase résume parfaitement l’idée de son sixième roman. Une histoire en huis clos où des invités de la grande bourgeoisie parisienne sont conviés à la table de Mme du Vivier pour une soirée des plus mémorables.
En compagnie d’un avocat réputé, d’un écrivain membre de l’Académie française, d’un financier, de leurs épouses, d’une directrice d’une chaîne câblée ou encore de cet invité d’honneur qui est nul autre qu’un grand industriel canadien ayant fait fortune dans l’imprimerie, le dîner d’Assouline aurait pu rapidement tomber dans ce genre d’histoires si éloignées du commun des mortels qu’elles en deviennent inintéressantes. Si ce n’est qu’un petit détail qui met du piquant dans cette soirée de bourgeois où l’hypocrisie n’est jamais bien loin.
13 à table
Avant de s’installer à table, en effet, une convive est stupéfaite de constater que le nombre de personnes autour de la table arrive à 13. Et un dîner à 13 personnes, ça ne se fait pas… C’est un chiffre indivisible, mauvais… L’industriel canadien propose donc à la bonne, Sonia, une jeune Française d’origine maghrébine, de se joindre à eux pour régler le problème. Alors que cette initiative en amuse certains, d’autres y voient plutôt une transgression.
Cette nouvelle invitée, que plusieurs considéraient de haut, se révèle finalement plus intelligente et cultivée que toute l’assemblée le croyait. Par sa présence et par les sujets de discussion qu’elle suscite, Sonia est le petit grain de sable qui fera peut-être déraper la soirée.
Avec ce roman, Assouline montre de façon originale l’énorme décalage qui existe entre l’élite française et la société en général. Son dîner autour d’une table entre gens de la grande bourgeoisie ressemble étrangement à ces réunions en huis clos entre ces dirigeants peu informés des réalités et des changements sociaux.