Possible raid israélien en Syrie, des sunnites fuient Banias
AFP
Damas - L'aviation militaire israélienne aurait mené un raid en Syrie visant vraisemblablement des armes destinées au mouvement chiite libanais Hezbollah, tandis que des centaines de familles fuyaient samedi les quartiers sunnites de Banias, craignant un "massacre".
Cité par le site d'informations Politico, le sénateur républicain Lindsay Graham aurait déclaré lors d'une intervention publique qu'Israël "avait bombardé la Syrie la nuit dernière (jeudi)".
"Les agences américaines et occidentales du renseignement ont examiné des données classifiées montrant qu'Israël a très probablement mené un raid aérien dans la période de jeudi à vendredi" alors que ce pays faisait voler des avions de combat au-dessus du Liban, a affirmé de son côté la chaîne de télévision CNN, citant deux responsables américains.
L'armée israélienne n'a pas voulu faire de commentaires sur ces informations, mais un responsable du ministère de la Défense a indiqué à l'AFP qu'"Israël suivait la situation en Syrie et au Liban, tout particulièrement au sujet du transfert d'armes chimiques et d'armes spéciales".
Un communiqué de l'armée libanaise fait état pour sa part de trois survols de deux chasseurs-bombardiers israéliens entre jeudi soir 19H10 (16H10 GMT) et vendredi 00H35 (jeudi 21H35 GMT).
Selon la chaîne MSNBC, citant aussi des responsables américains, "des responsables israéliens ont reconnu vendredi soir avoir lancé un raid aérien qui a touché l'intérieur de la Syrie".
D'après NBC, "la principale cible d'Israël était une cargaison d'armes destinées au Hezbollah au Liban".
Mais CNN a indiqué de son côté qu'Israël n'aurait pas visé des stocks d'armes chimiques.
Israël avait déjà revendiqué implicitement la responsabilité d'une opération aérienne fin janvier contre des installations militaires en Syrie, s'attirant des menaces de l'Iran.
Le président Obama a de son côté affirmé vendredi soir ne pas prévoir a priori d'envoyer des soldats américains sur le territoire syrien s'il était prouvé que le régime Assad avait eu recours à son stock d'armes chimiques.
La veille, les Etats-Unis, par la voix du secrétaire à la Défense Chuck Hagel, avaient pour la première fois publiquement envisagé d'armer les rebelles syriens. Washington s'est jusqu'à présent cantonné à une aide humanitaire et "non létale" aux rebelles.
Exode
Sur le terrain, des centaines de familles fuyaient samedi les quartiers sunnites de Banias, une ville du nord-ouest de la Syrie, craignant un "nouveau massacre" après celui perpétré dans une localité voisine, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Ils ont commencé à fuir ce matin à l'aube les quartiers sunnites du sud de la ville en direction de Tartous et Jablé", respectivement au sud et au nord de Banias, a déclaré à l'AFP le directeur de cette ONG, Rami Abdel Rahmane.
Cet exode a débuté après des bombardements vendredi des quartiers sunnites, et des informations sur un "massacre" commis jeudi dans le village sunnite proche de Bayda.
Les bombardements vendredi sur le quartier de Ras al-Nabaa ont fait au moins neuf morts, selon M. Abdel Rahmane. Une vidéo de Ras al-Nabaa, tournée par des militants et diffusée par l'OSDH, montre des corps ensanglantés dans une rue, dont au moins un enfant.
L'OSDH avait fait état d'au moins 50 morts, en majorité des civils, à Bayda, disant que ces décès étaient le résultat d'exécution sommaires et de bombardements.
La Coalition de l'opposition syrienne a dénoncé un "massacre à grande échelle", mais le régime a affirmé avoir tué des "terroristes".
Avec les villes de Tartous et de Lattaquié notamment, Banias fait partie de ce qui est appelé le "pays alaouite" -- qui s'étend le long de la côte.
Par ailleurs, de violents combats avaient lieu dans les vergers autour de la ville rebelle de Qousseir, un point stratégique dans le centre de la Syrie, car il assure le contrôle de la route entre Homs et Lattaquié, selon l'OSDH.