Présidentielle en Guinée: le second tour reporté à une date qui reste à fixer
AFP
Conakry - Le second tour de l'élection présidentielle, prévu dimanche en Guinée, a été une nouvelle fois reporté à une date qui reste à fixer, le président de la Commission électorale ayant affirmé vendredi devoir "faire un état des lieux" pour fixer "une date raisonnable et réalisable".
Alpha Conde et Cellou Dalein Diallo
Il convient de faire "un état des lieux à l'issue duquel une date réalisable et raisonnable sera fixée et communiquée dans les jours ou dans les heures à venir", a-t-il ajouté.
Le général Sangaré s'est engagé "à travailler à organiser dans un très bref délai le second tour de la présidentielle". "Permettez moi de bien évaluer la situation" avant de fixer une date, a-t-dit.
Le second tour avait déjà été reporté une première fois quatre jours avant la date prévue alors, le 19 septembre.
Il opposera l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, qui avait obtenu 43% des voix au premier tour du 27 juin, à l'opposant historique Alpha Condé (18%).
A l'issue de sa rencontre avec le général Sangaré, M. Diallo avait estimé qu'il "y a très peu de chances que l'élection se tienne dimanche, étant donné l'ampleur des problèmes".
Le général Sangaré a ensuite rencontré des dirigeants de l'alliance Arc-en-ciel, qui soutient Alpha Condé, adversaire de M. Diallo au 2e tour.
L'un d'eux, François Lonsény Fall, ancien Premier ministre, a déclaré après la rencontre que "si la Céni estime qu'elle n'est pas en mesure d'organiser les élections le 24, alors elle devra prendre ses responsabilités et nous donner une nouvelle date, mais la plus rapprochée possible".
MM. Diallo et Fall se sont accusés mutuellement de "violences" à l'égard de leurs sympathisants.
Des violences s'étaient produites lundi et mardi à Conakry entre des partisans de M. Diallo et les forces de l'ordre qui avaient ouvert le feu, faisant des dizaines de blessés. Le parti de M. Diallo et l'Observatoire national des droits de l'Homme (ONDH) avaient alors annoncé deux morts qui se sont avérées être accidentelles.
Le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a déploré ces violences, les qualifiant de "sévères violations des droits de l'homme". Il s'est dit "profondément préoccupé par la manière dont les forces de sécurité de la Guinée (...) ont utilisé une force excessive et ont tiré, tuant un homme et blessant au moins 62 autres personnes".
Les partisans de M. Diallo réclamaient le départ du président de la Céni, Louncény Camara, jugé proche d'Alpha Condé. Après ces violences, M. Camara a été remplacé par le général Sangaré.
Cité à comparaître par l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), parti de Dalein Diallo, M. Camara, devenu vice-président de la Céni, a été condamné vendredi à un an de prison ferme pour vol de procès verbaux lors du 1er tour du 27 juin.
M. Sangaré avait rencontré jeudi d'autres acteurs du processus électoral, dont la syndicaliste guinéenne Rabiatou Serah Diallo, présidente du Conseil national de la transition (CNT, faisant office de Parlement) qui avait semblé favorable au report.
Le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur dans la crise guinéenne, a affirmé vendredi à Montreux (Suisse) où il assiste au 13e sommet de la Francophonie, que report où pas, l'essentiel était de sortir de façon "apaisée" du processus électoral.
Cette présidentielle est le premier scrutin libre en Guinée, ex-colonie française, qui n'a connu que des régimes dictatoriaux et autoritaires depuis sont indépendance en 1958.