Quand les dauphins décident d'en finir avec la vie
RIA Novosti/Vera Politkovskaïa
Ces derniers temps, on entend de plus en plus souvent parler de suicides massifs d'animaux dans différentes régions de la planète. La semaine dernière, près de deux cents delphinidés se sont échoués sur les côtes d'une île à proximité de l'Etat australien de Tasmanie.
Le dernier suicide massif de mammifères marins sur les côtes de Tasmanie a été enregistré au mois de janvier. Plus de 400 cachalots se sont alors jetés sur la côte et 48 y ont perdu la vie. En novembre 2008, près de 150 dauphins noirs ont tenté de se suicider dans la même région; 54 d'entre eux sont morts.
En juillet 2005, 1.500 moutons se sont collectivement jetés dans l'abîme en Turquie, 460 animaux ont été tués.
Une théorie veut que l'homme soit le seul animal à pouvoir s'ôter la vie à bon escient, car il est doué de raison et se rend compte de la portée de ses actes. Les autres animaux, d'après les scientifiques, ne sont pas aussi raisonnables et possèdent un très fort instinct de conservation qui les empêche de se suicider.
Cependant, la réalité a plus d'une fois démontré que cette affirmation était peut-être erronée. Les animaux se comportent parfois de façon surprenante, en violant toutes les lois de la nature. Désespérés, ils commencent, tout comme les hommes, à réaliser des actes qui ne leur sont pas propres, ce qui pourrait prouver qu'ils sont raisonnables.
Il serait donc incorrect d'affirmer que les multiples cas de suicide de delphinidés et d'autres animaux ne sont que de simples accidents. Il n'y a d'ailleurs rien de surprenant dans ce fait, compte tenu du degré de pollution de l'environnement dû à l'activité de l'homme. Un animal qui ne voit pas d'issue pourrait, en effet, décider d'en finir.
Une "soupe de plastique", à savoir tout un archipel de déchets, flotte dans l'océan Pacifique. A l'heure actuelle, ses dimensions dépassent considérablement la partie continentale des Etats-Unis. Il s'agit de deux zones reliées entre elles, situées de part et d'autre d'Hawaii. Près de 100 millions de tonnes de débris flottants circulent dans la région, affirment les chercheurs. Un cinquième de cette masse est constitué d'ordures jetées du bord des navires et des plates-formes pétrolières. Le reste provient du continent. En outre, les rivières charrient quotidiennement vers les mers et océans 16 milliards de tonnes de matières solides (pierres, débris) et liquides. Placés dans des wagons, ces déchets pourraient remplir un convoi d'une longueur équivalant à celle de 30 équateurs.
La plus grande décharge de la planète est maintenue en place par les courants marins, mais de temps à autre, les débris atteignent la côte.
Il existe aujourd'hui un nombre croissant de chercheurs étudiant exclusivement les déchets flottants, dans l'océan Pacifique entre autres. Nombre d'entre eux estiment que la "soupe" ne représente que la partie visible de l'iceberg. Environ 70% des déchets tombés dans l'eau s'amassent sur le fond de l'océan. Or, les gens continuent de manger des poissons qui consomment du plastique. En moyenne, la décomposition du plastique (bouteilles, sacs en plastique, etc.) dure environ 500 ans. Même si les hommes arrêtent tout d'un coup de jeter des objets en plastique, ils devront consommer du poisson "plastifié" pendant encore au moins cinq siècles.
Outre ce problème évident, qui est probablement à l'origine de la mort des animaux marins, les activités humaines auraient déclenché des processus qu'il sera impossible de maîtriser pendant des centaines d'années, si tant est que cette maîtrise soit réalisable en principe. Il s'agit du réchauffement climatique, qui conduira inévitablement à la disparition non seulement des animaux et plantes, mais également des hommes. Les changements climatiques influent sur l'ensemble de l'écosystème de la planète, sans épargner aucun être vivant. Les animaux migrent d'habitude vers les endroits où ils se sentent mieux, où les conditions climatiques sont plus propices à leur survie. Le comportement inhabituel des dauphins qui se suicident est probablement dû à ces changements.
Les baignades avec les dauphins sont positionnées sur Internet comme "le cadeau le plus original" pouvant être offert à des amis. Certes, se baigner en compagnie d'un delphinidé, et de communiquer ainsi avec le monde animal, est une distraction tout à fait agréable. Les hommes aiment également visiter les zoos ou partir en safari, en faisant ainsi un plongeon dans la nature. Or, ce genre de loisir débouche sur la production de nombreux déchets. Il y a de quoi se préoccuper.