Quand un lycéen rêve du bac... et d'une carte de séjour
AFP
Décrocher le bac, trouver un employeur, renouveler sa carte de séjour: pour Ali l'été s'annonce décisif, mais le jeune Pakistanais, arrivé seul à Paris il y a bientôt cinq ans, ne perd rien de sa confiance tranquille en l'avenir.
"Il y a un peu de pression, c'est sûr. Pendant les oraux je n'étais pas très à l'aise dans ma tête", explique-t-il, dans la chambre d'internat du lycée professionnel Hector-Guimard à Paris où il suit une terminale "aménagement-finition".
"Après c'est l'habitude, j'ai vécu des choses pires", raconte le jeune homme de 21 ans, qui se souvient encore du mois de décembre 2011 où il s'est retrouvé, seul à Paris, "à dormir dehors", avant d'être pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance.
La France était "un peu un hasard" -- ses oncles, qui rêvaient d'un avenir meilleur pour lui, l'avaient confié à des passeurs pour qu'ils l'emmènent "en Europe".
Les débuts ont été compliqués -- "je ne comprenais rien" -- mais Ali Ahmed, à force de volonté et d'enthousiasme, a depuis trouvé sa place: scolarisé en CAP tailleur de pierre, il a vite pris la tête de sa classe de terminale et vise l'an prochain un BTS "étude et économie de la construction".
Rien n'est acquis. "Si je n'ai pas mon bac, je suis vraiment en galère", soupire le lycéen dont la carte de séjour "étudiant" expire en juillet. Au delà, il lui faudra en effet soit la renouveler, soit demander un titre l'autorisant à travailler. "De toutes façons il me faut un patron qui m'embauche, en contrat normal si je cherche un emploi, ou bien en alternance si je fais un BTS", explique le garçon.
- Avenir stable -
Dans la chambre bien rangée qu'il partage avec Mahamadou, un autre jeune sans famille, le lycéen reste pourtant confiant. Sa vie se partage entre la classe, les petits jobs qui lui permettent de gagner un peu d'argent, et les cours de conduite à l'auto-école.
Le lycée est sa maison, où il s'investit pleinement, comme délégué de classe, membre du conseil de la vie lycéenne et président de la maison des lycéens -- où il recueille vêtements et dons, qu'il redistribue aux autres mineurs non accompagnés du lycée.
Hector-Guimard, dans le 19e arrondissement, scolarise en effet plus de 70 jeunes isolés dans une situation comparable.
"Ce sont des gamins qui se donnent deux fois plus au boulot. S'ils veulent s'en sortir, ils doivent prouver qu'ils veulent s'intégrer", assure Fabrice Rivon, professeur d'aménagement et finition, qui décrit Ali comme "très investi", "très curieux d'apprendre", bref "un élève qui sort du lot".
Tous n'ont pas ces facilités lumineuses, reconnaît Sylvia Martinez, sa "marraine" de RESF (Réseau éducation sans frontières) qui aide les jeunes dans leurs démarches administratives. "Dans le cas d'Ali ça se passe bien. D'autres ont plus de difficultés avec la langue", raconte-t-elle.
Une maîtrise du français qui constitue, pour le jeune homme, la clé de voûte de l'intégration: "Si j'étais resté avec des compatriotes au début, je n'en serais pas là".
Aussi Ali voue-t-il une reconnaissance sans bornes à l'équipe éducative du lycée, qui a poussé pour qu'il ait une place à l'internat et l'a aidé dans ses démarches de bourse.
"Au début, les profs ont fait des cours juste pour moi, plus faciles, et c'est eux qui m'ont poussé à continuer mes études quand j'ai reçu une OQTF", une obligation de quitter le territoire, à l'âge de 19 ans, explique-t-il. Ce sont eux aussi qui l'ont incité à s'inscrire en BTS.
Aujourd'hui Ali rêve d'un avenir "en France, stable, avec des enfants", où il pourrait recevoir la visite de ses parents.
Conseillerait-il à son petit frère, resté près de Lahore, de suivre son exemple? "Je lui dis de rester au Pakistan et de faire des études", assure Ali. "Je ne veux pas qu'il vive la même galère que moi."
"Après c'est l'habitude, j'ai vécu des choses pires", raconte le jeune homme de 21 ans, qui se souvient encore du mois de décembre 2011 où il s'est retrouvé, seul à Paris, "à dormir dehors", avant d'être pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance.
La France était "un peu un hasard" -- ses oncles, qui rêvaient d'un avenir meilleur pour lui, l'avaient confié à des passeurs pour qu'ils l'emmènent "en Europe".
Les débuts ont été compliqués -- "je ne comprenais rien" -- mais Ali Ahmed, à force de volonté et d'enthousiasme, a depuis trouvé sa place: scolarisé en CAP tailleur de pierre, il a vite pris la tête de sa classe de terminale et vise l'an prochain un BTS "étude et économie de la construction".
Rien n'est acquis. "Si je n'ai pas mon bac, je suis vraiment en galère", soupire le lycéen dont la carte de séjour "étudiant" expire en juillet. Au delà, il lui faudra en effet soit la renouveler, soit demander un titre l'autorisant à travailler. "De toutes façons il me faut un patron qui m'embauche, en contrat normal si je cherche un emploi, ou bien en alternance si je fais un BTS", explique le garçon.
- Avenir stable -
Dans la chambre bien rangée qu'il partage avec Mahamadou, un autre jeune sans famille, le lycéen reste pourtant confiant. Sa vie se partage entre la classe, les petits jobs qui lui permettent de gagner un peu d'argent, et les cours de conduite à l'auto-école.
Le lycée est sa maison, où il s'investit pleinement, comme délégué de classe, membre du conseil de la vie lycéenne et président de la maison des lycéens -- où il recueille vêtements et dons, qu'il redistribue aux autres mineurs non accompagnés du lycée.
Hector-Guimard, dans le 19e arrondissement, scolarise en effet plus de 70 jeunes isolés dans une situation comparable.
"Ce sont des gamins qui se donnent deux fois plus au boulot. S'ils veulent s'en sortir, ils doivent prouver qu'ils veulent s'intégrer", assure Fabrice Rivon, professeur d'aménagement et finition, qui décrit Ali comme "très investi", "très curieux d'apprendre", bref "un élève qui sort du lot".
Tous n'ont pas ces facilités lumineuses, reconnaît Sylvia Martinez, sa "marraine" de RESF (Réseau éducation sans frontières) qui aide les jeunes dans leurs démarches administratives. "Dans le cas d'Ali ça se passe bien. D'autres ont plus de difficultés avec la langue", raconte-t-elle.
Une maîtrise du français qui constitue, pour le jeune homme, la clé de voûte de l'intégration: "Si j'étais resté avec des compatriotes au début, je n'en serais pas là".
Aussi Ali voue-t-il une reconnaissance sans bornes à l'équipe éducative du lycée, qui a poussé pour qu'il ait une place à l'internat et l'a aidé dans ses démarches de bourse.
"Au début, les profs ont fait des cours juste pour moi, plus faciles, et c'est eux qui m'ont poussé à continuer mes études quand j'ai reçu une OQTF", une obligation de quitter le territoire, à l'âge de 19 ans, explique-t-il. Ce sont eux aussi qui l'ont incité à s'inscrire en BTS.
Aujourd'hui Ali rêve d'un avenir "en France, stable, avec des enfants", où il pourrait recevoir la visite de ses parents.
Conseillerait-il à son petit frère, resté près de Lahore, de suivre son exemple? "Je lui dis de rester au Pakistan et de faire des études", assure Ali. "Je ne veux pas qu'il vive la même galère que moi."