Rentrée scolaire pour 12 millions d'élèves, de la maternelle au lycée
AFP
Paris - Plus de 12 millions d'élèves, de la maternelle au lycée, ont fait leur retour en classe lundi matin, une rentrée marquée par quelques nouveautés et de nouvelles suppressions de postes dont les effets se font de plus en plus sentir sur les conditions d'enseignement.

L'entrée en vigueur de la réforme du lycée en classes de première, des expérimentations comme l'autonomie de recrutement d'enseignants, mais aussi la lutte contre le harcèlement ou de nouvelles sanctions contre la violence comptent parmi les innovations de cette rentrée.
Le ministre Luc Chatel a voulu "rassurer" les parents lundi en assurant sur France 2 que la rentrée scolaire "va bien se passer sur le plan administratif et technique".
Jeudi, il avait dressé un bilan des réformes depuis 2007 en louant le "plus beau métier du monde", tout en "assumant" les dizaines de milliers de postes d'enseignants supprimés.
Il devait se rendre lundi dans une école maternelle du Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne) puis dans un lycée de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), avant d'inaugurer les nouveaux bâtiments de l'internat d'excellence de Noyon (Oise).
Au collège La Boëtie de Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), les professeurs prépareront désormais leurs cours sur internet et utiliseront "un tableau numérique installé dans chaque salle", a expliqué à l'AFP Céline Grunewald, professeur de sciences de la vie et de la Terre (SVT).
Devant le lycée parisien Colbert (Xe arrondissement), des élèves de première L abordaient cette rentrée avec circonspection. "Avec les réformes, on ne sait pas trop ce qui nous attend", déclare Oriella, 17 ans.
Evoquant l'accompagnement personnalisé, Tatiana, 17 ans, redoublante, estime que "ça ne sert à rien". "On l'a dit aux professeurs mais eux-mêmes ne savent pas ce qu'ils doivent faire", ajoute Oriella.
Syndicats d'enseignants et chefs d'établissement dénoncent une rentrée aux conditions de travail dégradées du fait de "la poursuite de la liquidation de la formation des enseignants" (SE-Unsa, primaire et secondaire) et des 16.000 postes supprimés par rapport à l'an dernier.
Le primaire comme le secondaire sont touchés.
Dans les écoles, avec 1.500 classes supprimées dans tout le pays, il y a "par effet mécanique plus d'élèves par classe", selon le SNUipp-FSU, principal syndicat du secteur. Et d'année en année, les dispositifs de lutte contre l'échec scolaire (Rased), les postes de conseillers pédagogiques et d'intervenants en langues étrangères font les frais des coupes budgétaires.
Situation inédite en France, la mairie du village de Puy-Saint-Vincent (Hautes-Alpes), opposée à la fermeture de la classe maternelle pour baisse des effectifs, a décidé d'embaucher pour cette rentrée une institutrice qu'elle paye sur ses deniers.
En collèges et lycées, la suppression de 4.800 postes intervient au moment où il y a plusieurs dizaines de milliers d'élèves de plus à accueillir: environ 40.000 élèves selon Luc Chatel, le double selon le Snes-FSU.
L'enseignement privé est lui aussi touché (1.433 postes en moins), si bien que les syndicats du secteur ont décidé de se joindre à l'appel à la grève unitaire lancé dans le public pour le 27 septembre.
Avant cela, les élus communistes ont appelé à une semaine d'actions à travers la France de lundi à vendredi, et un comité de défense de l'école vient d'être créé à Toulouse réunissant élus, enseignants et parents d'élèves.
Avec les 14.000 suppressions à venir en 2012, quelque 80.000 postes auront disparu au cours du quinquennat 2007-2012 dans l'Education nationale, qui pèse pour 60 milliards d'euros, soit 21% du budget de l'Etat.