Renzo Piano offre à Los Angeles, "ville lumière", un bâtiment à sa démesure

AFP

Los Angeles - L'architecte italien Renzo Piano inaugure ce week-end à Los Angeles un bâtiment qu'il juge "extrême et joyeux", exploitant au maximum "la formidable lumière" d'une ville propice aux "idées folles".

Renzo Piano
Renzo Piano
Le célèbre architecte, agé de 73 ans, a signé pour le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) un pavillon de pierre et de verre de plus de 4.200 mètres carrés, nouvelle extension d'un musée en pleine transformation.

Financé par le couple de bienfaiteurs Lynda and Stewart Resnick, le nouveau bâtiment -- un rectangle de pierre et de verre d'une grandiose simplicité hérissé d'un toit en zig-zag laissant généreusement pénétrer la lumière -- est un espace entièrement ouvert, aménageable à l'envie.

"Il y a quelque chose d'assez extrême et exagéré dans ce bâtiment... Mais c'est très Los Angeles, l'exagération!", déclare l'architecte à l'AFP.

"L'idée de faire un seul étage, un seul plan, entièrement éclairé par la lumière naturelle, ce serait une idée folle partout ailleurs qu'à Los Angeles. Je n'aurais jamais pu faire ça à Paris, à Londres ou à New York", dit-il.

Pour l'architecte, le Pavillon Resnick "n'est pas un bâtiment, c'est un lieu. Un lieu joyeux, lumineux, pas du tout intimidant, plein d'urbanité -- ce qui est quand même assez magique à Los Angeles".

La mégalopole californienne, souvent considérée comme un monstre urbanistique, ne manque pas de qualités aux yeux de Renzo Piano.

"En tant qu'architecte, vous ne venez jamais dans une ville en touriste, car vous ne restez pas à la surface des choses, vous devez connaître la ville dans son rituel profond, la comprendre, y entrer vraiment", dit-il.

"Quand je travaille, je me fonds dans la ville. A Berlin, je deviens berlinois, à Rome je deviens romain, à Los Angeles, je suis angelino", dit-il.

"Il faut connaître une ville pour l'aimer. Et on commence à l'aimer quand on en découvre les secrets. En apparence, Los Angeles peu paraître un peu superficielle, trop rapide, mais qui dit que la rapidité est un mal? Pour moi, Los Angeles, c'est avant tout une formidable lumière", affirme-t-il.

Le lauréat 1998 du Prix Pritzker, le "Nobel" de l'architecture, s'amuse à rappeler qu'en lieu et place du Pavillon Resnick, s'étendait auparavant... un parking. "C'est le comble! Dans le monde entier on détruit des bâtiments pour construire des parkings, et à Los Angeles, la ville où la voiture est reine, on détruit un parking pour le remplacer par un musée."

Autre particularité -- cocasse -- de Los Angeles: "Généralement, quand on creuse les fondations d'un bâtiment en Europe, on trouve des vestiges historiques. Ici, quand on a creusé, on a trouvé du pétrole!"

Architecte avide d'expérimentations -- le Centre Pompidou à Paris en est l'un des exemples les plus accomplis --, Renzo Piano estime avoir poussé plus loin encore, avec le pavillon Resnick, son travail sur la lumière.

"Si vous regardez le bâtiment en coupe, vous verrez que le toit est fait pour couper la lumière du sud et prendre la lumière du nord", remarque-t-il.

"La lumière, c'est ce qui permet, lorsqu'on crée un espace pour l'art, d'être assez extrême, sans avoir peur d'être en compétition avec les oeuvres d'art. Car la lumière est toujours bonne pour les oeuvres d'art", dit-il.

L'architecte reconnaît volontiers que ses idées sont parfois jugées peu orthodoxes, notamment par les constructeurs et les maîtres d'oeuvre.

"Je connais "non" dans toutes les langues, c'est le mot que je connais le mieux!", s'amuse-t-il. "Le mal, c'est la paresse. Et c'est un mal universel".


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