"Rien à déclarer": l'histoire d'un douanier francophobe vue par Dany Boon

AP

Paris - Avec "Bienvenue chez les Ch'tis", qui a rassemblé 20 millions de spectateurs dans les salles en France, un record pour un film français, Dany Boon a placé la barre très haut. Son nouveau long métrage, "Rien à déclarer", qui sort ce mercredi dans le Nord de la France et en Belgique (une semaine avant sa sortie dans toute l'Hexagone), est une honnête comédie qui devrait encore attirer plusieurs millions de fans.

Après les relations entre Français du sud et "Ch'timis", l'acteur-réalisateur Dany Boon s'attaque aux relations franco-belges, sur fond de suppression des postes frontières entre les deux pays, Union européenne oblige.

Nous sommes le 1er janvier 1993. En lisant son journal, un douanier belge (Bouli Lanners) apprend que leur poste frontière, situé à cheval sur la commune de Courquain (France) et Koorkin (Belgique), va bientô t disparaître, ce qui pourrait être catastrophique pour l'économie locale.

Ruben Vandevoorde (Benoît Poelvoorde), un douanier belge francophobe, va devoir inaugurer la première brigade volante franco-belge, destinée à traquer d'éventuels trafiquants de drogue sur les routes de campagne frontalières. Mathias Ducastel (Dany Boon), son ennemi juré, accepte à la surprise générale de devenir son coéquipier, parce qu'il est secrètement amoureux de la soeur de Vandevoorde et espère ainsi lui faire accepter leur liaison. Mais tout ne se passe pas comme prévu...

C'est pendant la tournée de promotion de "Bienvenue chez les Ch'tis" que Dany Boon a eu l'idée du scénario de son nouveau film, après avoir franchi à plusieurs reprises la frontière entre les deux pays pour des projections. On retrouve d'ailleurs dans "Rien à déclarer" plusieurs ficelles déjà utilisées dans son précédent long-métrage, comme l'antagonisme entre deux "peuples" (les Français du nord et du sud sont remplacés par les Français et les Belges), et l'amour du personnage de Dany Boon pour une jolie fille (Anne Marivin est remplacée par Julie Bernard) contrariée par un membre de la famille (la mère, Line Renaud, est remplacée par Benoît Poelvoorde, le frère de sa dulcinée).

Dany Boon confie que la "love story" impossible qu'il raconte est beaucoup inspirée de l'histoire de ses parents. "Mon père était kabyle et ma mère française. Tombée enceinte très vite, elle a été rejetée par une partie de sa famille. Ce sont des choses qu'on n'oublie pas quand on les vit comme moi enfant", raconte-t-il.

Se sachant très attendu sur ce film après le succès phénoménal du précédent, Dany Boon dit avoir écrit sept versions du scénario, en pensant à Benoît Poelvoorde pour le personnage du douanier francophobe. Le résultat est plutô t concluant, car son histoire est bien rythmée, et les dialogues sonnent justes, même si on peut déplorer quelques lourdeurs, comme la scène qui fait suite à l'interpellation d'un dealer qui a avalé de la drogue.

Le tandem Poelvoorde-Boon, constitué un peu sur le modèle De Funès-Bourvil (le tyrannique et le gentil), fonctionne plutô t bien. Ils sont entourés par des seconds rô les qui sont loin de faire de la figuration. Les Belges, notamment, sont excellents, comme François Damiens (qui incarne un restaurateur gaffeur persécuté par sa femme, Karin Viard) et Bouli Lanners. Olivier Gourmet, Philippe Magnan, Zinedine Soualem, Bruno Lochet, notamment, apportent aussi leur touche personnelle, tout comme Julie Bernard (choisie à l'issue d'un long casting), dont c'est le premier rô le au cinéma, très à l'aise dans le rô le de la jeune Belge déchirée entre son amoureux et sa famille francophobe.

Sans en avoir l'air, Dany Boon aborde avec humour la question du racisme ordinaire. Et il sait donner une certaine humanité à ses personnages. Avec la promotion déjà lancée depuis plusieurs mois autour de "Rien à déclarer" et sa belle distribution, il y a fort à parier que sa nouvelle comédie, sans être exceptionnelle, rassemblera nombre de spectateurs. Reste à savoir combien..


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