"Robert sans Robert", le cinéma de Guédiguian par son monteur

AFP

Paris - 30 ans et 17 films ensemble. Dans "Robert sans Robert", en salles mercredi, le chef monteur Bernard Sasia démonte et remonte les longs métrages de Robert Guédiguian, pour créer une nouvelle histoire à partir des oeuvres existantes.

Robert Guédiguian
Robert Guédiguian
Car ce documentaire de 1h30, à la fois émouvant et drôle, diffusé dans quelques salles en France à partir de mercredi, n'est pas là pour retracer classiquement l'oeuvre du cinéaste connu du grand public depuis le succès de "Marius et Jeannette" (1997), qui se déroule à l'Estaque, quartier marseillais où Guédiguian a grandi, lui le fils de docker.

D'ailleurs Sasia montre "la première image, le premier plan" tourné pour le premier film de Guédiguian, "Le dernier été", en 1980. C'est un ouvrier dans une cale d'un chantier naval, un bateau rouillé à côté de lui. Pas la plus belle image du réalisateur mais elle le résume.

Le cinéma de Guédiguian raconte à l'écran la condition des petites gens - "le cinéma de Robert est plus dans la catégorie film politique" souligne le monteur, ses origines, sa vie et sa bande, toujours la même. Il y a sa compagne Ariane Ascaride, ses "doubles", les acteurs Gérard Meylan et Jean-Pierre Darrousin, et sa tribu, devant la caméra ou derrière.

Le monteur, dont on ne voit que les mains maniant la souris et le clavier d'un écran d'ordinateur avec des images, raconte à sa manière "son" Guédiguian, auteur de "L'Armée du crime", "Le promeneur du champ de Mars", "Marie-Jo et ses deux amours" ou encore "Rouge midi" et "L'argent fait le bonheur".

"Pour éviter le côté +best of+ de séquences ou bande annonce pour une rétrospective, le film devait trouver son écriture, sa propre histoire", explique Bernard Sasia.

"Je n'ai pas abordé ce travail comme un historien ou un critique de cinéma qui commencerait par regarder les 17 films, prendrait des notes, sortirait les plans les plus significatifs", poursuit le chef monteur, qui a voulu "écrire avec les images au rythme de la mémoire".

Sous le re-montage percutant de Sasia et de Clémentine Yelnik, qui a co-réalisé le documentaire, nait alors subrepticement une oeuvre singulière où les acteurs se répondent d'un film à l'autre, d'une époque à une autre, rajeunissant ou vieillissant à vue d'oeil.

Les thèmes chers au cinéaste marseillais - que l'on voit à peine - sont passés en revue tout comme cette nécessité d'avoir devant la caméra les trois mêmes acteurs principaux, Ascaride, Meylan et Darroussin.

Bernard Sasia parle finalement beaucoup de son métier, qui pourrait être "l'art de se fondre dans l'imaginaire" d'un créateur. Mais pas seulement. Parfois le monteur a envie de se rebeller et imagine d'autres fins aux films ou d'autres musiques.


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