Rohani, un religieux modéré favorable au rapprochement avec l'Occident

AFP

Téhéran - Elu à la surprise générale le 14 juin, l'hodjatolislam Hassan Rohani, un religieux de rang moyen de 64 ans, est connu pour sa modération et affirme être ouvert au dialogue avec l'Occident.

Rohani, un religieux modéré favorable au rapprochement avec l'Occident
Alors qu'il n'avait au départ que peu de chances d'être en tête de la présidentielle, il a été élu dès le 1er tour avec 50,68% des voix, bénéficiant de la division du camp conservateur et surtout de la mobilisation de l'électorat modéré et réformateur après le retrait du réformateur, Mohammad Reza Aref.

Durant la campagne et après son élection, il a prôné une plus grande souplesse vis-à-vis de l'Occident pour mettre fin aux sanctions ayant plongé son pays dans une grave crise économique.

Portant un turban blanc et une barbe grisonnante, M. Rohani est un proche de l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani (modéré), qui avait appelé --tout comme son successeur Mohammad Khatami (réformateur)-- à voter pour lui.

En quelques jours, cette "union sacrée" a mobilisé une grande partie de l'électorat modéré qui voulait boycotter le scrutin après la répression des manifestations ayant suivi la présidentielle de 2009.

M. Rohani a été vice-président du Parlement et chef des négociateurs nucléaires entre 2003 et 2005. C'est à cette période qu'il a gagné son surnom de "cheikh diplomate".

En 2003, lors de négociations avec Paris, Londres et Berlin, il avait accepté la suspension de l'enrichissement d'uranium par l'Iran et l'application du protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP), permettant des inspections inopinées des installations nucléaires iraniennes.

Cette décision lui avait fait gagner le respect des Occidentaux, mais les conservateurs l'ont accusé d'avoir été "sous le charme de la cravate et de l'eau de toilette de Jack Straw", alors ministre britannique des Affaires étrangères.

Peu après son élection, M. Rohani a déclaré qu'il était partisan d'une "entente constructive" pour mettre fin aux sanctions occidentales qui frappent durement le pays pour l'obliger à céder sur son programme nucléaire controversé.

"La modération ne signifie en politique étrangère, ni reddition ni querelle. Elle signifie une entente constructive avec le monde", a-t-il dit. Mais il a rejeté dans le même temps toute suspension de l'enrichissement d'uranium, source d'inquiétude des Occidentaux et d'Israël qui accusent l'Iran de chercher à fabriquer l'arme atomique.

M. Rohani n'a pas non plus écarté -"même si cela sera difficile" selon lui- des discussions directes avec les Etats-Unis, ennemi historique de la République islamique, pour régler la crise nucléaire.

Cependant, selon la Constitution, les capacités d'action du président sont limitées sur les dossiers stratégiques, tel le nucléaire, au profit du Guide suprême.

Sur le plan intérieur, il a également affirmé qu'il fallait imposer moins de "restrictions" aux jeunes et plus de liberté.

Fervent soutien du fondateur de la République islamique, l'imam Khomeini, avant même la révolution de 1979, M. Rohani a un long passé de responsable politique.

Lorsque M. Khomeiny s'est réfugié en France en 1978, M. Rohani était déjà présent à ses côtés.

Député entre 1980 et 2000, il a ensuite été élu membre de l'Assemblée des experts, instance chargée de superviser le travail du Guide suprême Ali Khamenei.

Signe des liens de fidélités entre les deux hommes, le numéro un iranien l'a choisi dès 1989 comme l'un de ses deux représentants au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale.

C'est fort de ce soutien qu'il avait été nommé secrétaire de ce Conseil et mené les négociations nucléaires entre 2003 et 2005.

Après l'élection de Mahmoud Ahmadinejad en 2005, il avait été écarté de ce poste. Peu après, l'Iran relançait son programme d'enrichissement, s'attirant les foudres de l'ONU et des grandes puissances qui imposaient des sanctions économiques.

Il est également membre de l'Association du clergé combattant, qui réunit les religieux conservateurs.

Mais ces dernières années, il s'est rapproché des réformateurs.

Pendant la campagne, il a néanmoins veillé à garder ses distances avec les candidats réformateurs malheureux de l'élection de 2009, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, placés en résidence surveillée.

M. Rohani est né le 12 novembre 1948 et est originaire de Sorkhey dans la province de Semnan (sud-est de Téhéran). Il est titulaire d'un doctorat de droit de l'Université de Glasgow. Il est marié et a quatre enfants.


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