Roms: Paris joue l'apaisement en recevant deux ministres roumains
AFP
Paris - Le gouvernement devait plaider mercredi pour plus de concertation européenne à propos des Roms et demander à la Roumanie d'aider à la résolution du problème, jouant l'apaisement après la tempête politique provoquée par les expulsions médiatisées de membres de cette communauté.
Brice Hortefeux
Valentin Mocanu, secrétaire d'Etat chargé de l'Intégration des Roms, et Dan Valentin Fatuloiu, secrétaire d'Etat chargé de l'Ordre et de la Sécurité publique qui ont avancé de cinq jours leur visite en France, doivent rencontrer mercredi après-midi le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux et ses collègues chargés de l'Immigration et des Affaires européennes, Eric Besson et Pierre Lellouche.
"On veut coopérer davantage avec eux", a déclaré Eric Besson, plaidant pour "une bonne intégration des Roms en Roumanie". "Il n'est pas question d'expulser des Roms parce qu'ils sont Roms, mais il n'est pas question d'accueillir tous les Roms qui souhaiteraient venir sur le territoire français (...) oui, nous allons poursuivre l'évacuation des campements illicites", a ajouté Brice Hortefeux.
Avant la visite des responsables roumains, les responsables français ont baissé d'un ton leur rhétorique sur l'immigration et l'insécurité.
"La lutte contre l?immigration irrégulière ne doit pas être instrumentalisée" politiquement, a fait savoir mardi soir le Premier ministre François Fillon, appelant à agir "sans laxisme ni excès". Le chef du gouvernement français se démarquait des propos offensifs tenus ces dernières semaines par le président Nicolas Sarkozy et le ministre l'Intérieur qui, en déclarant la "guerre" à la criminalité, ont ciblé les Français d'origine étrangère et les Roms.
Nicolas Sarkozy est critiqué par l'opposition de gauche. Mais il est aussi attaqué avec encore plus de virulence par des responsables de son camp, dont son ennemi juré, l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin, qui estime que sa politique sécuritaire est "indigne" et fait porter une "tache de honte" sur le drapeau français. A l'étranger, le durcissement de la politique française a suscité la réprobation à l'ONU, au Conseil de l'Europe, les réserves de la Commission européenne et un rappel à l'ordre du pape Benoît XVI.
Après plusieurs faits divers médiatiques, Nicolas Sarkozy avait annoncé le 30 juillet que les camps illégaux de Roms seraient démantelés et certains criminels d'origine étrangère déchus de leur nationalité française.
Ces mesures établissant un lien entre immigration et insécurité ont commencé d'être mises en application la semaine dernière, avec l'expulsion vers la Roumanie et la Bulgarie de plus de 200 Roms. L'objectif est d'en renvoyer 850 pendant tout le mois d'août.
Environ 15.000 Roms des pays de l'Est vivent en France, où ils bénéficient des règles de libre-circulation de l'Union européenne mais vivent souvent dans des campements de fortune ou des squats. Mais après trois mois passés en France, sans domicile ni sources de revenus, ils sont dans l'illégalité et deviennent expulsables.
Paris veut une action européenne plus déterminée pour l'insertion des Roms en Roumanie et en Bulgarie. François Fillon a annoncé une démarche auprès du président de la Commission européenne José Manuel Barroso.
Eric Besson a rappelé que l'Union européenne consacrait quelque 20 milliards d'euros par an au développement de la Roumanie. "Il est sans doute possible d'utiliser mieux ces moyens financiers et de mieux coopérer", a-t-il dit.