Russie: Poutine dément tout "système autoritaire"

AFP

Moscou - Il n'y a pas de "système autoritaire" en Russie, a affirmé jeudi le président Vladimir Poutine, avant de se lancer dans une vive critique des Etats-Unis et de soutenir l'interdiction faite désormais aux Américains d'adopter des enfants russes.

Russie: Poutine dément tout
"Qualifier d'autoritaire notre système, je ne le peux pas, je ne peux pas être d'accord avec ça. La meilleure preuve, c'est ma décision de quitter mon poste après deux mandats. Si j'avais pensé que la voie de l'autoritarisme était préférable, j'aurais changé la Constitution, c'était facile", a-t-il déclaré.

Vladimir Poutine avait quitté son poste de président en 2008, après deux mandats de quatre ans. Il avait alors laissé sa place à Dmitri Medvedev, dont il était devenu le Premier ministre, avant de revenir au Kremlin en mai dernier pour un troisième mandat.

Au cours de l'année écoulée, M. Poutine a été confronté à des manifestations et à une contestation sans précédent, l'opposition lui reprochant d'avoir considérablement limité les libertés publiques. Plusieurs dizaines d'opposants sont en prison et certains, en détention préventive, risquent 10 ans de camp.

"On a le sentiment chez nous que la démocratie, c'est le trotskysme, c'est l'anarchie... mais ce n'est pas le cas. Si quelqu'un considère que la démocratie et le respect des lois sont deux choses différentes, il se trompe", a poursuivi M. Poutine.

Le président a approuvé la décision adoptée la veille par la Douma (chambre basse du parlement) d'interdire l'adoption d'enfants russes par des Américains. "Je pense qu'elle est appropriée", a-t-il déclaré sans pour autant indiquer s'il signerait ce texte.

La Douma a approuvé ce texte mercredi en deuxième lecture en réponse aux sanctions prévues par la "loi Magnitski" du Congrès américain.

La "loi Magnitski" interdit l'entrée aux Etats-Unis et prévoit de saisir les biens de responsables russes impliqués dans la mort en prison en 2009 à Moscou du juriste russe Sergueï Magnitski, ou dans d'autres violations des droits de l'homme.

Vladimir Poutine a critiqué à nouveau la loi Magnitski, "un acte inamical" de la part des Etats-Unis, avant de critiquer les "nombreux problèmes" concernant les droits de l'homme aux Etats-Unis.

Les Américains "maintiennent des gens en prison depuis des années sans même leur présenter un acte d'accusation. C'est impensable. On les enchaîne, comme au Moyen-Age... ils ont légalisé l'usage de la torture... Vous imaginez si nous avions fait ça chez nous? Cela fait combien de temps qu'on a promis la fermeture de Guantanamo?"

Sur la Syrie, M. Poutine a réaffirmé la position habituelle de la Russie et son hostilité à tout changement de régime par les armes;

"Quelle est notre position? Ce n'est pas de maintenir le régime d'Assad au pouvoir à tout prix, mais de (laisser les Syriens, NDLR) se mettre d'accord entre eux pour décider comment ils veulent continuer à vivre", a-t-il déclaré.

Alors que des rumeurs persistantes ont circulé ces derniers mois faisant état de ses problèmes de santé, M. Poutine a rejeté ces allégations: "Sur ce sujet, je réponds: vous pouvez toujours attendre!"

Vladimir Poutine a répondu pendant plus de quatre heures trente aux questions des journalistes sans montrer de signes de fatigue.

Le président russe avait commencé sa conférence de presse par un satisfecit sur la situation économique du pays: "Les résultats sont bons, surtout en comparaison avec la récession dans la zone euro et le ralentissement économique aux Etats-Unis. La situation est beaucoup plus favorable chez nous".

Abordant des sujets plus frivoles, Vladimir Poutine s'est déclaré prêt à accorder un passeport russe à l'acteur français Gérard Depardieu si celui-ci le souhaite.

"Si Gérard veut vraiment avoir un permis de séjour ou un passeport russe, c'est une affaire réglée", a-t-il assuré. L'acteur a annoncé renoncer à son passeport français après une polémique sur son exil en Belgique pour des raisons fiscales.

"Poutine m'a déjà envoyé un passeport", avait déclaré Depardieu, selon des amis cités mardi par le site du quotidien français Le Monde.

Vladimir Poutine a même répondu à une question sur ses deux filles, alors qu'il préserve généralement jalousement tout ce qui touche à sa vie personnelle: "Tout va bien pour mes enfants. Elles sont à Moscou, poursuivent leurs études. Je suis fier d'elles".

Il a aussi confié qu'il connaissait la date de la fin du monde: "Je sais que la fin du monde arrivera dans 4,5 milliards d'années. C'est le cycle de fonctionnement de notre soleil".


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