Russie: six volontaires de retour après 520 jours de voyage simulé sur Mars
AFP
Moscou - Six volontaires russes, européens et chinois enfermés pendant près d'un an et demi dans une réplique de vaisseau spatial pour simuler un voyage sur Mars ont quitté vendredi la capsule après avoir rempli avec succès cette mission.
"Après 520 jours d'expérience, nous avons entièrement rempli notre programme. Tous les membres de l'équipage sont en bonne santé", a déclaré le commandant de la mission Alexeï Sitev.
Une jeune femme en blouse blanche à offert à chacun des "marsonautes" une rose rouge.
"Je suis fier d'avoir prouvé avec mes coéquipiers qu'un voyage habité vers la Planète rouge est faisable", a déclaré Romain Charles.
Le participant chinois a été plus laconique: "Après 520 jours, nous sommes finalement de retour".
Le directeur de l'ESA Jean-Jacques Dordain a remercié tous les participants pour leur "effort remarquable".
L'expérience, qui a commencé le 3 juin 2010 à l'Institut russe des problèmes médicaux-biologiques (IMBP) dans la périphérie de Moscou, avait pour but de simuler près de 250 jours de voyage aller, un mois d'expérience sur la Planète rouge et le voyage de retour vers la Terre.
Les astronautes seront placés en quarantaine pendant quatre jours pour effectuer des examens médicaux. Ils donneront une conférence de presse mardi.
"Ce projet a été un succès parce qu'aucun des membres ne l'a quitté avant terme", a estimé le médecin Alexandre Souvorov, responsable du projet côté russe, cité par l'agence Ria Novosti.
"Malgré les différences de culture, d'éducation et d'habitudes, les membres de l'équipage ont gardé des relations amicales et chaleureuses", a-t-il poursuivi.
"De nombreux tests ont montré qu'ils sont en bonne santé", a-t-il souligné estimant qu'ils pouvaient avoir dans un premier temps des vertiges après avoir respiré l'air filtré pendant l'expérience.
Les six "cobayes" ont eu des journées organisées en trois tranches de huit heures consacrées aux expériences scientifiques, au sport et aux loisirs et au sommeil.
La communication des membres de l'équipage avec leur famille et les équipes techniques s'est faite essentiellement par courriel, avec une réception retardée de 40 minutes pour simuler la distance.
En février, trois d'entre eux se sont séparés du reste du groupe pour effectuer des sorties sur une simulation de sol martien.
"Cette expérience nous a permis d'obtenir des connaissances uniques. Leur pouls (pendant la sortie) battait à 160 pulsations par minute", a souligné M. Souvorov.
Le pouls maximum de Iouri Gagarine, qui a effectué le premier vol dans l'espace en 1961, était de 152 pulsations, a-t-il souligné.
Les astronautes ont souffert de troubles de sommeil et manquaient d'appétit ce qui "a montré qu'on pouvait réduire les doses de la nourriture" pour ce type de missions, selon M. Souvorov.
Le but de la mission était d'étudier les effets de l'isolement, de l'absence de lumière du jour et d'air frais que subiraient des astronautes qui iraient sur Mars, même si aucune expédition vers cette planète n'est prévue avant 20 ans.
"Nous prévoyons un voyage sur Mars vers 2030. Beaucoup de personnes parmi nous seront toujours vivants", a estimé Vitali Davydov, directeur adjoint de l'agence spatiale russe Roscosmos.
Alexeï Krasnov, responsable du programme des vols habités de Roscosmos a pour sa part souligné que l'agence prévoyait de mener une expérience analogue "avec l'équipage de la Station spatiale internationale".