Rwanda: Simbikangwa condamné à 25 ans au terme d'un procès historique
AFP
Paris - Pascal Simbikangwa, qui dit avoir traversé le génocide rwandais sans voir un seul cadavre, a été condamné vendredi à 25 ans de réclusion criminelle pour son rôle dans cette tragédie, 20 ans après les massacres dans lesquels le rôle de Paris a été très critiqué.
La cour d'assises de Paris a reconnu l'ex-officier de la garde présidentielle, aujourd'hui âgé de 54 ans, coupable de génocide et de complicité de crimes contre l'humanité, au terme d'un procès fleuve de six semaines et d'un délibéré de 12 heures.
"Le fait (qu'il) conteste avoir vu le moindre cadavre en dépit de ses multiples déplacements (...) participe manifestement de sa volonté de minimiser son rôle et de dissimuler la parfaite connaissance qu'il avait (...) du génocide qui se déroulait (...) sous ses yeux", a jugé la cour. Pour elle, Simbikangwa a bien distribué des armes aux miliciens Interahamwe qui tenaient les barrages dressés dans la capitale Kigali et "donné des instructions pour que les Tutsi soient systématiquement exécutés sur le champ".
"L'authenticité de mon innocence n'a plus besoin de preuves", avait pourtant lancé en guise de derniers mots au jury celui qui est cloué depuis 1986 dans un fauteuil roulant suite à un accident de la route.
Sa défense a annoncé envisager de faire appel et a dénoncé un procès politique, comme elle l'avait déjà fait dans sa plaidoirie. "Evidemment c'est un procès politique, (les motivations) suivent le réquisitoire mot pour mot, c'est un dogme, c'est la parole qui a été donnée par l'avocat général, c'est un dogme qui a été suivi, une décision presque religieuse", a fustigé un de ses avocats, Fabrice Epstein.
L'accusation avait réclamé dans un réquisitoire implacable la perpétuité contre un "donneur d'ordre", "génocidaire négationniste". L'avocat général Bruno Sturlese avait d'ailleurs demandé la requalification des faits en "crime de génocide", finalement retenu par la cour, alors que l'accusé était entré dans le box poursuivi pour "complicité".
N'ont par contre été retenus que les faits reprochés dans Kigali, les témoignages concernant sa région natale de Gisenyi (nord-ouest) "laissant présumer une certaine concertation entre eux peu compatible avec la vérité". La complicité de crimes contre l'humanité concerne les Hutu "modérés" tués pendant le génocide à Kigali.
Au fil des audiences, le capitaine Simbikangwa, qui niait en bloc, était apparu toujours passionné de politique, restant sur la plupart des positions des extrémistes hutu, tout en cherchant systématiquement à minimiser son rôle et sa compréhension des massacres à l'époque.
- 'Qu'est-ce que j'ai à gagner?' -
Et, à la stupéfaction générale, il a répété sans fléchir n'avoir vu aucun cadavre pendant les 100 jours d'horreur au cours desquels 800.000 personnes, principalement tutsi, ont été massacrées entre avril et juillet 1994. "Mais qu'est-ce que j'ai à gagner en disant que je n'ai pas vu de corps?", répondait-il à ceux qui s'étonnaient jour après jour.
Paradoxalement, ce sont des témoignages de Tutsi que le capitaine Simbikangwa a sauvés à Kigali qui auront été les plus embarrassants pour lui, plusieurs disant l'avoir vu stocker des armes chez lui et les distribuer. Un voisin, âgé alors de 18 ans et qui l'a suivi tout du long, a évoqué de longues semaines "en enfer".
Arrêté pour trafic de faux papiers dans l'île française de Mayotte, Pascal Simbikangwa était jugé au titre de la "compétence universelle" prévue pour les crimes les plus graves.
"La peine me paraît trop légère, mais ce qui était important pour nous c'est la condamnation. C'est un précédent important", a estimé Alain Gauthier, président du Comité des parties civiles pour le Rwanda, à l'origine de la plainte qui a conduit au procès. "Ce n'est pas la fin, c'est le début, mais c'est l'aboutissement de quelque chose, c'est aussi la victoire de la justice", a dit, très émue, son épouse Dafroza, dont la majorité de la famille a péri dans le génocide.
Vingt-sept informations judiciaires sur le Rwanda sont actuellement traitées au "pôle génocide" du parquet de Paris, dont deux sont proches de la fin de l'instruction.
"Le fait (qu'il) conteste avoir vu le moindre cadavre en dépit de ses multiples déplacements (...) participe manifestement de sa volonté de minimiser son rôle et de dissimuler la parfaite connaissance qu'il avait (...) du génocide qui se déroulait (...) sous ses yeux", a jugé la cour. Pour elle, Simbikangwa a bien distribué des armes aux miliciens Interahamwe qui tenaient les barrages dressés dans la capitale Kigali et "donné des instructions pour que les Tutsi soient systématiquement exécutés sur le champ".
"L'authenticité de mon innocence n'a plus besoin de preuves", avait pourtant lancé en guise de derniers mots au jury celui qui est cloué depuis 1986 dans un fauteuil roulant suite à un accident de la route.
Sa défense a annoncé envisager de faire appel et a dénoncé un procès politique, comme elle l'avait déjà fait dans sa plaidoirie. "Evidemment c'est un procès politique, (les motivations) suivent le réquisitoire mot pour mot, c'est un dogme, c'est la parole qui a été donnée par l'avocat général, c'est un dogme qui a été suivi, une décision presque religieuse", a fustigé un de ses avocats, Fabrice Epstein.
L'accusation avait réclamé dans un réquisitoire implacable la perpétuité contre un "donneur d'ordre", "génocidaire négationniste". L'avocat général Bruno Sturlese avait d'ailleurs demandé la requalification des faits en "crime de génocide", finalement retenu par la cour, alors que l'accusé était entré dans le box poursuivi pour "complicité".
N'ont par contre été retenus que les faits reprochés dans Kigali, les témoignages concernant sa région natale de Gisenyi (nord-ouest) "laissant présumer une certaine concertation entre eux peu compatible avec la vérité". La complicité de crimes contre l'humanité concerne les Hutu "modérés" tués pendant le génocide à Kigali.
Au fil des audiences, le capitaine Simbikangwa, qui niait en bloc, était apparu toujours passionné de politique, restant sur la plupart des positions des extrémistes hutu, tout en cherchant systématiquement à minimiser son rôle et sa compréhension des massacres à l'époque.
- 'Qu'est-ce que j'ai à gagner?' -
Et, à la stupéfaction générale, il a répété sans fléchir n'avoir vu aucun cadavre pendant les 100 jours d'horreur au cours desquels 800.000 personnes, principalement tutsi, ont été massacrées entre avril et juillet 1994. "Mais qu'est-ce que j'ai à gagner en disant que je n'ai pas vu de corps?", répondait-il à ceux qui s'étonnaient jour après jour.
Paradoxalement, ce sont des témoignages de Tutsi que le capitaine Simbikangwa a sauvés à Kigali qui auront été les plus embarrassants pour lui, plusieurs disant l'avoir vu stocker des armes chez lui et les distribuer. Un voisin, âgé alors de 18 ans et qui l'a suivi tout du long, a évoqué de longues semaines "en enfer".
Arrêté pour trafic de faux papiers dans l'île française de Mayotte, Pascal Simbikangwa était jugé au titre de la "compétence universelle" prévue pour les crimes les plus graves.
"La peine me paraît trop légère, mais ce qui était important pour nous c'est la condamnation. C'est un précédent important", a estimé Alain Gauthier, président du Comité des parties civiles pour le Rwanda, à l'origine de la plainte qui a conduit au procès. "Ce n'est pas la fin, c'est le début, mais c'est l'aboutissement de quelque chose, c'est aussi la victoire de la justice", a dit, très émue, son épouse Dafroza, dont la majorité de la famille a péri dans le génocide.
Vingt-sept informations judiciaires sur le Rwanda sont actuellement traitées au "pôle génocide" du parquet de Paris, dont deux sont proches de la fin de l'instruction.